Benoît Maire
Le fruit est défendu
Un homme dans un verger affairé à détacher patiemment de l’arbre des fruits tous justes murs. Habit de travail, panier d’osier, verger en fleurs: archétype d’un labeur artisanal; cueillir le fruit: geste iconique dont la représentation renvoie irrémédiablement au péché originel. Mais c’est bien sûr la nature de ce qui est récolté qui pose ici question. Non pas une pomme, mais un objet, un dé, qui appelle de nouveau un geste, un coup. La confrontation de ces deux éléments provoquée par le collage déclenche un hiatus dans ce que nous pensions voir. Un jeu de glissement de sens qui opère également dès le titre de l’exposition. En insérant un verbe au milieu de la locution, il n’est plus seulement question de la qualité de l’objet, l’interdit qui frappe la prise du fruit, mais l’assertion de sa protection, de sa sauvegarde.
Faisant écho à son exposition à Londres, Le fruit est défendu poursuit les investigations de Benoit Maire autour de la mesure. Les Å“uvres qui s’y déploient sont autant de signes, d’éléments éparses d’une poétique fragmentaire et allégorique. C’est un dé encore qui accueille le visiteur de l’exposition. Par collage encore, juxtaposition sauvage, il vient fracasser une table de marbre; ailleurs, il apparaît sérigraphié au coté d’un silex. Mise en relation avec le geste originel ou le premier outil, le petit cube de plastique, s’il est un instrument de la performance du hasard, s’entrevoit aussi comme un improbable mètre étalon.
Cette manière de pointer l’index, celui qui montre, qui voit, plutôt que ce qui est vu, traverse toute la pratique de l’artiste. On la retrouve dans la série des armes qui formulent autant de tentatives d’arraisonner un objet qui demeure absent. En questionnant les mécanismes technologiques qui déterminent les échelles de valeurs, de l’outil primitif à l’application pour Smartphone, Benoît Maire pose une réflexion sur la façon dont le réel nous est médiatisé.
Vernissage
Samedi 6 avril 2013 Ã 19h