L’exposition « Le Freak » à la galerie Thaddaeus Ropac, à Paris, dévoile de nouvelles peintures de Daniel Richter, des œuvres qui poursuivent la rupture amorcée avec sa précédente série, entre figuration et abstraction.
Daniel Richter, une peinture entre abstraction et figuration
Alors qu’une rétrospective de l’œuvre de Daniel Richter est présentée à Humlebaek, au Danemark, à Vienne puis à Londres, ses dernières réalisations sont rassemblées dans l’exposition « Le Freak ». Cet ensemble de tableaux s’inscrit dans la continuité de la série Hello, I Love You que Daniel Richter avait réalisée en 2015 et 2016 et qui marquait une profonde rupture avec le style que l’artiste avait développé durant la décennie précédente.
On retrouve donc dans les dernières toiles de Daniel Richter l’abandon de la pure figuration pour des motifs plus abstraits et l’éloignement d’une forme narrative théâtrale. Si les figures sont plus identifiables que dans la série Hello, I Love You, une certaine abstraction demeure dans leur tracé. Elle est accentuée par des dégradés de couleurs qui habillent l’arrière-plan de chaque tableau, des bandes horizontales nettement tracées qui constituent un horizon artificiel.
Pornographie et monstruosité illustrent la marchandisation du désir
L’habituel vocabulaire visuel de Daniel Richter est détourné pour emprunter une voie à la fois plus provocante et étrange voire absurde. Cette à cette étrangeté et à une dimension grotesque et quasi monstrueuse des personnages suggérés que fait allusion le titre de l’exposition, « Le Freak » (le monstre). Ce titre évoque également l’admiration de Daniel Richter pour l’œuvre fantastique et surréaliste et satirique de l’artiste allemand Jack Bilbo.
Les allusions pornographiques prédominent dans des formes où se devinent des poses sexuelles, des expressions de sensations intenses, des jambes écartées, des fesses, des dos arqués, des mains agrippées, des bouches ouvertes… Au-delà de l’énergie et du mouvement que portent ces évocations, renforcés par des couleurs vives, l’aspect quasi abstrait et impersonnel des figures illustre la marchandisation du désir, l’effacement de l’identité et la dissolution des relations humaines.