Chic Art Fair, petite nouvelle sur le marché des foires d’art parisiennes, est aussi l’une des dernières à fermer ses portes. Bien avant de la visiter, on lui connaissait déjà un atout majeur: son lieu d’exposition, cette fameuse Cité de la mode et du design dessinée par les architectes Jakob et McFarlane, connue davantage pour sa carapace verte de bois, de verre et d’acier, et son point de vue sur les docks, que pour son activité culturelle. Mais une fois à l’intérieur, on lui en découvre un autre, d’atout, une section entièrement consacrée au design, et qui éclipse, de loin, les galeries d’art présentées ― pour beaucoup assez décevantes.
Cécile Griesmar et Sandrine Bisognin, les co-fondatrices de la foire, ont eu du flair. Elles n’ont oublié dans leur sélection ni l’association rennaise DMA, très engagée dans la diffusion à l’échelle locale, ni la Fat galerie de la rue Charlot, seule en France à promouvoir les designers britanniques émergents, comme Peter Marigold ou Raw-Edges Studio. Si Kreo, qui a ses habitudes du côté de la FIAC, n’est pas au rendez-vous, on profite en revanche du stand très fourni de la Tools galerie, particulièrement étincelant entre la chaise Bibendum de Toni Grillo, la série de rangement en inox laminé de Mathieu Lehanneur et le vase en platine de Kris Kabel. Pour les amateurs de design «à la française», élégant et minimal, la galerie Next Level, qui fête à peine ses un an d’existence, présente les lampes en cuir et fibres optiques de Bina Baitel, aux finitions main très soignées, et les structures rationnelles et répétitives de Philippe Malouin.
Et puisqu’il est d’actualité, en cette semaine de l’art, d’attribuer des prix, nous oserons décerner quelques mentions spéciales. Au tabouret Pleated Pleat Mint de Raw-Edges Studio, présenté par la Fat en avant-première, pour sa légèreté, sa flexibilité et ses airs d’origami ; aux patères Bomb H de Parcy Debons, missiles plantés à même les cimaises de la galerie DMA, pour l’efficacité de leur message politique. Et enfin aux Objets en laine de la plasticienne Christelle Familiari, Slip à masturbation et autres Cagoules pour amoureux, réalisés au crochet, qui en plus d’offrir une alternative ludique à l’éternel débat entre art et design – ici, la fonction est fictionnelle − sont une habile façon d’évoquer, en faisant mine de la dissimuler, l’intimité des corps et des relations humaines. Représentée depuis la rentrée par la jeune galerie d’art contemporain Benoît Lecarpentier (qui s’est glissée, telle une intrus, dans la section design), elle devient le véritable point de mire de cette foire, toutes catégories confondues.