ÉCHOS
10 Oct 2009

Le dernier Vogue pour Irving Penn

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Le monde de la mode pleure la disparition de Irving Penn: le 7 octobre 2009, le célèbre photographe américain est décédé à New York à l’âge de 92 ans.

Perfectionnisme, austérité, discrétion… tels sont les termes que l’on associe d’emblée à la photographie d’Irving Penn qui, d’une grande simplicité, se révèle toujours soigneusement travaillée.

Né en 1917 dans le New Jersey, Irving Penn se fait un nom dans le milieu de la mode: embauché par le magazine Vogue en 1943, il réinventera le canon esthétique de la photographie de mode sous la direction artistique de Alexander Liberman.
Durant une cinquantaine d’années, il réalisera presque 160 couvertures pour le mensuel américain.

Sa prise de vue, résolument moderne, est d’une élégante sobriété qui contraste vivement avec les mises en scènes théâtrales et les décors surchargés alors habituels: en studio, mais toujours sous l’éclairage discret de la lumière du jour, ses modèles prennent des poses presque naturelles devant le fond épuré d’un écran monochrome.

Pendant toute sa carrière, le portrait demeure un pilier de l’activité créative de Irving Penn qui immortalisera ainsi, de manière étonnamment similaire, aussi bien des célébrités (Jean Cocteau, Pablo Picasso, Peter Ustinov, Woody Allen…) que de parfaits inconnus : ouvriers parisiens (charcutier, vitrier, balayeur dans leur tenue de travail) ou indigènes de contrées éloignés.
Dans Worlds in a Small Room (1974), très beau livre de photographies pris dans des pays divers (Pérou, Italie, France, Népal, Nouvelle-Guinée et Maroc) il les présente toujours dans le cadre neutre du studio.

Si Irving Penn réalise aussi un grand nombre de natures mortes pour Vogue — mettant en scène des aliments succulents ou des accessoires de luxe dans de belles compositions — il poursuit des recherches artistiques dans sa vie privée qui le conduisent souvent aux antipodes d’un univers de beauté standardisé.
Arrangements alimentaires surréalistes, compositions morbides de crânes et d’ossements, ou mises en scène de mégots et paquets de cigarettes trouvés dans la rue, tranchent radicalement avec ses images immaculées de l’univers commercial de l’esthétique.
Ses tirages platine et palladium, que Penn développe d’ailleurs lui-même, marient une technique précieuse à un sujet dérangeant.

Irving Penn, dont le travail a été honoré lors de grandes expositions rétrospectives (comme l’exposition itinérante du MoMA, New York, 1984-1987 et celle de la Maison européenne de la photographie à Paris en 2000) continua à travailler jusqu’à la fin de sa vie.
Sa série de « petits métiers » (1950-1951) est actuellement en vue au Getty Museum de Los Angeles.

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