Si le motif de la tablée se retrouve dans l’ensemble des œuvres du «Dernier festin», leurs démarches n’en sont pas moins divergentes.
Chacune des trois photographies d’Erwin Wurm exposées montre un individu ou une parcelle de son corps en prise avec un aliment ou un ustensile. Une femme est allongée sur des oranges, un homme se maintient en suspension sur des tasses, un autre serre des cornichons entre ses orteils.
Ces images appartiennent à la série One minute sculptures, dans laquelle Erwin Wurm tente d’abolir la frontière entre l’art et la vie et interroge la définition de la sculpture, comme Gilbert et Georges l’ont fait trente ans plus tôt avec Singing Sculpture (1970).
Dans un tout autre registre les photographies de Richard Kern, Rachael’s mellons et Joyce takes echinacea, présentent des femmes dévêtues en train de manger ou de s’abreuver. La sensualité des couleurs, des corps et des regards évoque les plaisirs de la chair, tout comme la fausse grappe de raisins de Delia Gonzalez intitulée Dionysos.
De son côté l’Atelier va Lieshout propose avec des dessins et Mexican table une réflexion sur les frontières entre utopie et conformisme. Sur des feuilles de papier ou de la vaisselle blanche sont figurées des scénettes d’une vie bien réglée, du moins selon ce collectif d’artiste : partie de tennis, soirée télévision, salle de classe, séance chez l’esthéticienne, partouses. Issues du projet Slave City ces œuvres sont bien évidemment teintées d’ironie.
Enfin Maggie et Dish de Thomas Grünfeld, sortes de tableaux composés en feutre, montrent un plateau repas sans saveur et un homme serrant une carotte entre ses dents. Ici les objets et les situations désagréables sont adoucis par le feutre, le monde tend vers l’entropie.
Liste de Å“uvres
— Thomas Grünfeld, Dish, 2005.
— Thomas Grünfeld, Maggie, 2006.
— Atelier van Lieshout, Mexican table, 2009.
— Atelier van Lieshout, Untitled, 2002.
— Delia Gonzalez, Dionysos, 2005.
— Richard Kern, Joyce takes echinacea, 1999.
— Richard Kern, Rachael’s mellons, 1998.