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Le Dernier Empereur

Né à Lanzhou, capitale de la province du Gansu en plein cœur de la Chine, Gao Zengli vit à Paris depuis une vingtaine d’années. L’artiste continue cependant inlassablement à peindre des images de son pays natal, issues de la mémoire collective plutôt que de ses souvenirs personnels.

Une partie des toiles de l’exposition organisée par Albert Benamou dans sa galerie de la rue de Penthièvre se focalise sur la figure de Puyi, dernier empereur chinois qui renonça au trône en 1912, à l’âge de six ans, renversé par les révolutionnaires qui proclamèrent la République. Gao Zengli reconstitue ainsi une sorte de mythe fondateur de la Chine actuelle, distinguant de manière caricaturale la période rêvée de l’Empire chinois de celle qui vit les communistes au pouvoir.

Ainsi Mao ou les républicains sont-ils représentés sur fond rouge, évocation de la couleur de leur drapeau comme du sang qui a été versé pour leur avènement. L’empereur de Chine, figuré en poupin aux joues rebondies, est représenté sur des fonds grisés (le gris semblant être la couleur du passé) avec la naïveté propre au thème du portrait d’enfant, ou sur les genoux d’une femme, dans une reprise sinisée de l’iconographie de la Vierge à l’Enfant (L’Histoire du passé n°6, 2007).

On retrouve dans ces œuvres de Gao Zengli la volonté de mettre l’art au service d’une idéologie, ici prenant le contre-pied des esthétiques socialistes, tout en les utilisant, pour servir le propos inverse, à savoir la réhabilitation d’une sorte d’âge d’or de la Chine ancienne, éternelle et impérissable malgré les coups de boutoir du «peuple», désindividualisé, sans visage ni histoire (Souvenir rouge, n°5, 2007).

La technique employée par Gao Zengli constitue certainement la part la plus intéressante de son travail. Réutilisant des photographies anciennes à partir desquelles l’artiste peint ses figures, il utilise également, à la manière des peintres cubistes il y a tout juste un siècle, des objets réels, tels que du papier journal, de la corde ou du tissu. Les toiles passent alors du statut d’œuvres en deux dimensions à celui de sculptures.

On trouve sur plusieurs toiles (L’Histoire du passé, n°7, 2007) un estampage circulaire indiquant «Pékin — Chine», comme si les œuvres avaient été tamponnées pour le passage d’une frontière. L’exportation semble donc être la destination finale des œuvres de Gao Zengli.

Gao Zengli
— Le dernier Empereur n. 1, 2007. Huile et technique mixte sur toile. 200 x 130 cm
— Le dernier Empereur n. 2, 2007. Huile et technique mixte sur toile. 116 x 89 cm
— Le dernier Empereur n. 4, 2007. Huile et technique mixte sur toile. 150 x 150 cm
— L’histoire du passé n. 3, 2007. Huile et technique mixte sur toile. 89 x 116 cm
— L’histoire du passé n. 6, 2007. Huile et technique mixte sur toile. 200 x 130 cm

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