« Le Cri ultrasonic de l’écureuil » de Philippe Parreno
En place d’une exposition à Air de Paris, vous avez peut-être assisté le 18 septembre dernier à la performance de Philippe Parreno Le Cri ultrasonic de l’écureuil. Le Studio 28, décoré par Jean Cocteau, accueillait pendant une heure l’«exposition» de Parreno avec le ventriloque Ronn Lucas. Après avoir effectué quelques tours, ce dernier l’interrogeait sur la raison de leur rencontre, l’échange était propice à une séquence «rétro-projective», où Parreno choisissait de lire deux de ses textes : «The Underground Man» et «Alien Seasons»…
Les voix des deux protagonistes se mélangeaient de manière troublante. La performance mettait en scène leur rencontre et surtout la façon dont prend forme une collaboration en posant la question de «qui parle ?». Cet événement était conçu comme une situation d’atelier, une expérience qui finirait par donner quelque chose… Si Parreno a choisi la photographie de plateau, c’est qu’elle met le mieux à distance l’événement en exposant le silence, le public et le dispositif scénique. Dans la salle de gauche, un cartel clignotant représente les deux protagonistes en gros plan, ils lisent «The Underground Man», texte également reproduit sur un autre cartel. La lecture de l’image et celle du texte sont soumises à des rythmes lumineux différents qui stimulent le travail de mémoire et donnent au spectateur la possibilité d’y projeter ses propres histoires.
Précédemment exposé à la biennale de Lyon en 2005, Stories are Propaganda est un film réalisé en collaboration avec Rirkrit Tiravanija. Les images ont été tournées à Guangzhou, la zone la plus urbanisée de Chine. Les images reflètent leur errance et leurs pensées déterminant ainsi l’humeur à la fois étrange et mélancolique du film. «Ceci est un voyage dans un paysage urbain infini. Une série de signaux mettant en scène les fragments d’un monde parallèle, une impression de périphérie. […] Une information qui s’illumine une fois, puis disparaît.»
Comme dans Fade to Black, le temps de lecture est limité, l’image disparaît en faisant place à la suivante. Le film est composé d’images fixes – un spectacle télévisé, un lapin albinos, un bonhomme de neige en – et le son est celui d’une voix d’enfant se remémorant le bon vieux temps, celui «avant la globalisation du cappuccino, du sushi et de la rucola / Quand une personne sur deux n’était pas un héros / Avant que la musique ne soit que la bande-son de nos existences…» Pour l’installation, les codes désuets du cinéma (un rideau de velours rouge, une ouverture de rideau manuelle) sont immédiatement contredits par le titre directement tagué à la surface du rideau. À la fin du film, le rideau est tiré, le spectateur peut ensuite repartir la tête emplie d’images, d’histoires et de souvenirs.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Julia Pecker sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Philippe Parreno