ART | CRITIQUE

Le Crépuscule du Jaguar

PHeval Güler
@25 Juil 2009

La Maison européenne de la photographie présente la vidéo Le Crépuscule du jaguar de Claude Lévêque à l’occasion de son acquisition. L’installation, réalisée in situ au Moulin albigeois en 2007, met les visiteurs à l’épreuve d’une paire d’yeux vus aux travers d’œilletons géants.

Le dispositif conçu par Claude Lévêque présente une image vidéo sphérique en noir et blanc de deux yeux séparés par un mur. Les yeux ne clignent pas, les paupières ne se ferment jamais. Un tel regard met le visiteur d’autant plus mal à l’aise qu’il est placé en position de voyeur, et que la forme circulaire de l’image donne l’impression de voir ces yeux comme au travers d’œilletons géants.

Le malaise se traduit par une série de questions contradictoires. Doit-on soutenir ce regard effrayé? Qui regarde qui? Et si c’était nous qui étions observés par ce regard devenu effrayant?

Claude Lévêque a conçu cette installation alors qu’il travaillait en liaison avec un hôpital pour enfants souffrant de troubles psychiques. Sorte d’interface expressive entre le monde extérieur et l’âme, leurs regards reflétant souvent l’angoisse, la peur et la méfiance autant que la violence.

Comme un miroir, l’iris reflète la silhouette de Claude Lévêque en train de prendre l’image. Alors que ses installations sont habituellement multi-sensorielles, il a conçu ici un dispositif purement visuel.
Dans Le Crépuscule du jaguar, sont en jeu à la fois l’importance de la vue dans notre perception du monde, le voyeurisme, et la relation entre l’artiste et son sujet.

Claude Lévêque
— Le Crépuscule du Jaguar, 2007. Double vidéo projection en boucle, 13s.

Publications
— Claude Lévêque, Le Grand Soir, Flammarion/CNAP/CulturesFrance, Paris, 2009
— Le Grand Sommeil, MacVal, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine, 2006.
— Claude Lévêque, Le manège, Paris, Janvier/Léo Scheer, 2005.
— Eric Troncy, Claude Lévêque, Paris, Hazan, 2001

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