Communiqué de presse
Diana Quinby, Hervé Rabot, Jean Rault
Le corps mis à nu
Carte blanche à Philippe Cyroulnik
Les trois artistes ici rassemblés font du corps une des préoccupations essentielles de leur travail. Le corps est avec eux soumis à la focale d’une photographie ou d’un dessin qui en met à jour les ambiguïtés, en exhibe les tensions, à la limite de l’obscène. Ils mettent à nu les ambivalences, stigmates et marques ou masques dont il se pare. L’exposition à travers le regard de deux hommes et celui d’une femme nous invite à une mise à nu sans concessions mais éblouissante de puissance du corps.
Dans les nus d’Hervé Rabot, il n’y a pas une sublimation esthétique du corps mais au contraire une recherche sans concessions des tensions, des lignes de faille qui peuvent l’ouvrir comme une béance à lumière photographique, un art de sculpter l’exorbitante présence du nu, de la peau et des trouées qu’il offre en s’exhibant. Et si mise en gloire il y a, c’est celle de cette tension du corps exhibé à la limite de sa déchirure. Il se détache d’un fond bleu comme le manteau de la vierge ou rouge comme la chair ; un corps en tension et en extension dans des drapés de couleur ou sur un sol dur comme un terrain d’affrontement. Ces nus se détachent sur ces fonds monochromes comme des figures du corps tel qu’en l’extrême limite de son exposition il découpe et déchire la surface d’où il s’exhibe.
Diana Quinby réalise des autoportraits au miroir avec quelques autres dessins. Elle fouille dans les plis et les replis de sa peau sous le trait acéré de la mine de plomb les distorsions mêmes que la vie naissante inscrit dans la chair. Se configure dans ses dessins cette proximité entre le sensuel, le flétri et le laid dont le corps peut être porteur. Son dessin inscrit dans son grain la marque du temps comme une destinée.
Il y a là un regard à la fois attentionné et sans concession sur son corps de femme. Mais cette ambivalence de la représentation entre le beau et pathétique, on la
retrouve aussi dans ses portraits de couple, et autres figures saisies par sa mine de plomb. Même l’adolescence est déjà grosse de sensualité féminine. Le vêtement ici redouble et accuse même les courbes, les grossesses voir même les difformités potentielles du corps. Il y a chez Diana Quinby une façon de saisir le corps dans ses plis intimes, dans les ambiguïtés dont il est porteur et dans cette contiguïté que la chair entretien avec sa déchéance qui la rapproche d’artistes comme John Coplans ou Cummings.
Jean Rault depuis très longtemps pratique en particulier le portrait et plus particulièrement le nu. C’est un nu sans concession mais aussi dans la proximité du modèle, voire même son intimité qu’il revendique. Il se reconnaît comme prédécesseurs de référence Diane Arbus et August Sander. Il choisit toujours des situations où le corps laisse percer des pulsions inconscientes. Mais s’y marque aussi la part d’altérité à la norme qu’il recèle ; la part de simulacre, de blessures voire de pathologies dont il est modelé. Il est clair que ses portraits exposent le simulacre de l’identité féminine, le trouble engendré par la confusion incomplète entre le masculin et le féminin, la contiguïté entre l’intrigante recomposition au féminin de corps masculins. Sous les apparats du magique et du festif perce la violence du grotesque. Et sous les plis de la robe ou du kimono se dévoile la vérité nue et rude du corps. Dans l’éventail de ses apparats, sous les masques de ses fards et dans les ambiguïtés de son identité.
Vernissage
Samedi 31 octobre de 16h-21h.