L’exposition « Muralnomad » au Quadrilatère, à Beauvais, réunit plus de vingt artistes autour de la tapisserie contemporaine et de l’art tissé, en écho à l’histoire de la ville marquée par l’industrie textile, autour de la Manufacture Nationale de tapisserie de Beauvais.
L’exposition « Muralnomad » offre un panorama de la tapisserie contemporaine
Le titre de l’exposition emprunte à Le Corbusier le concept de Muralnomad. Constatant que nous sommes devenus des nomades habitant des appartements ou des maisons dont nous changeront selon l’évolution de nos familles ou de notre condition, et que nous ne pouvons donc pas y peindre un mural, l’architecte désignait ainsi les tapisseries, dans lesquelles il voyait « le Mural des temps modernes », un mural de laine que l’on peut décrocher du mur, rouler et prendre sous le bras pour aller l’accrocher ailleurs.
L’exposition rassemble plus d’une quarantaine d’œuvres, produites par des manufactures nationales et privées et balayant un large spectre de la tradition à l’avant-garde. Tapisseries murales, sculptures, objets, ces Å“uvres signées par une vingtaine d’artistes contemporains relèvent de multiples médiums et témoignent d’une grande variété d’approches. A travers elles se mesurent la place de l’art tissé dans les pratiques artistiques contemporaines et leurs évolutions.
L’art tissé dans l’art contemporain, de Le Corbusier à Karina Bisch
La tapisserie La Femme et le maréchal ferrant de Le Corbusier, réalisée en 1987 et 1988 à la Manufacture Nationale de la tapisserie de Beauvais, témoigne de l’intérêt de l’artiste pour ce médium dans lequel il voyait « un élément utile dans la composition de l’architecture moderne ». Le monumental mobile Feuillage rouge de Jagoda Buic superpose cinq pièces de tapisserie. Cette Å“uvre de 1975 est caractéristique de la « nouvelle tapisserie » dont Jagoda Buic fut une figure majeure, et de la synthèse qu’elle recherchait entre la tapisserie classique et architecture moderne. Trois tabourets produits par Karina Bisch en 2017, intitulés Composition avec la main rose, Composition avec l’algue noire et Composition avec le danseur bleu, s’inscrivent dans la démarche de mise en scène de motifs tirés de l’histoire de l’art comme l’algue d’Henri Matisse.
Célèbres ou plus confidentielles, multiples ou uniques, produites manuellement ou industriellement, les œuvres s’approprient la notion de tissage propre à la tapisserie en tant que métaphore de l’assemblage. Des installations textiles monumentales, des tapisseries murales et des pièces de mobilier sont disposées selon les affinités des différentes démarches artistiques avec les caractéristiques des espaces architecturaux du Quadrilatère.