Francis Baudevin, Stefan Brüggemann, Henry Codax, Philippe Decrauzat et Alan Licht, Gaylen Gerber, Kenneth Goldsmith, Marc Hurtado et Sébastien Vitré, Martina Klein, Jutta Koether, Sadie Laska, Franck Leibovici, Olivier Mosset, Charlotte Moth, Mai-Thu Perret et Ikue Mori, Stephen Prina, Florian et Michael Quistrebert, Claude Rutault, Giorgio Sadotti, Hugo Schüwer-Boss, Susan Stenger et F.M. Einheit, Alan Vega, Jacques Villeglé
Le Confort Moderne
L’exposition est née d’une rencontre avec Mathieu Copeland et la lecture ou plutôt l’écoute commune d’un lieu: Le Confort Moderne. A la fois salle de concerts pionnière et centre d’art depuis plus de vingt ans, le lieu agit comme matrice de l’exposition. L’exposition opère un glissement d’objets picturaux ou conceptuels vers des objets praticables ou réceptacles. L’exposition s’organise en cinq sections: les actions, les partitions, les films, les concerts et la peinture. Les peintures deviennent écran, les concerts activent les œuvres, les films sont réalisés en collaboration entre artistes et musiciens. Travaillant une pensée de l’exposition et son rapport entre le «praticable» et «l’objet» (le praxis et l’objekt) — l’oeuvre et l’action de l’oeuvre — «Le Confort Moderne» affirme cette compréhension de l’activation du lieu par les œuvres, et son corollaire du lieu donnant autant la forme que le contenu. En somme, plus qu’une exposition offrant un confort de l’objet, celle-ci insiste sur le présent de l’action et sa constante modernité.
Que ce soit au travers d’un studio de répétition de Giorgio Sadotti écrit au sein d’un environnement de Claude Rutault; d’une scène d’Olivier Mosset; d’un jardin japonais de pierres, présenté à la fois comme microcosme du monde et partition de fin d’un mini-opéra pour non musiciens de Franck Leibovici; d’un salon de peinture offrant la pratique contemplative d’oeuvres de Francis Baudevin, Marc Hurtado et Sebastien Vitré, Jutta Koether, Sadie Laska, Stephen Prina, Florian et Michael Quistrebert, Hugo Schüwer Boss, Alan Vega, ou encore Jacques Villéglé; d’un cinéma continu de trois cents heures, soit la durée totale de l’exposition et réalisé avec la complicité de Kenneth Goldsmith; ou encore d’un espace constitué d’une suite de films étendue à l’exposition, dont un court métrage de Philippe Decrauzat avec une bande-son d’Alan Licht projeté sur un monochrome noir de ce premier, un film inédit d’Alan Vega de 1972 pour lequel il réalise la bande-son, projeté sur un monochrome de Martina Klein, un film de Stefan Brüggemann dont une pièce de Gaylen Gerber sert de fond, un film de Susan Stenger et F.M. Einheit projeté sur un écran métallique réalisé par F.M. Einheit, un film de Mai-Thu Perret sur une bande-son de Ikue Mori projeté sur un monochrome d’Henry Codax… dans un environnement défini par une œuvre de Charlotte Moth, un rideau qui affirme son usage de partition.
Les œuvres de Claude Rutault et Giorgio Sadotti sont réunies pour créer un studio d’enregistrement et de répétition. Claude Rutault reproduit en peinture (châssis, toile) les volumes et séparations du studio d’enregistrement des Rolling Stones tel que filmé par Jean-Luc Godard dans le film One+One. Deux œuvres d’Olivier Mosset sont réunies pour créer une scène. Un monochrome rectangle accroché du plafond surplombe perpendiculairement un socle, lui aussi monochrome de la même taille pour dessiner une croix blanche en volume. A l’invitation du Confort Moderne et pour répondre aux propositions d’Olivier Mosset, Rhys Chatham interprètera une création composée pour la situation. Ces deux œuvres sont exemplaires des partis pris de l’exposition. Une dialectique temps/pratique/objets qui confronte une érudition conceptuelle de la musique à la pragmatique du «live». Une sélection conjointe d’oeuvres et d’artistes croisant les pratiques de l’art et de la musique entre bande-son idéale de l’exposition, album concept, partition et live exposé.