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Le Chien jaune

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Dans le cadre du festival de photographie «Images au Centre» 2005, Christophe Bourguedieu a répondu à une commande et réalisé une série de photographies intitulée Le Chien jaune, ayant pour thème principal la chasse. Cette série est présentée au Point Ephémère pendant la période estivale.

On connaît Christophe Bourguedieu pour sa capacité à capter par ses photographies des instants indéfinis laissant libre cours à l’interprétation psychologique. Sa série de sept photographies grand format Le Chien jaune a été réalisée lors d’une partie de chasse dans le domaine de Chambord, qui lui a permis de retrouver les notions de trace et d’indice, propres tant à la photographie qu’à la chasse ou encore à la criminologie.
Le cadre des scènes, une forêt en hiver, se présente comme un espace dont les pistes, les points de fuite et les interprétations sont multiples. Lieu bien réel, la forêt est également propice aux fictions et aux fantasmes ; la présence des hommes permet d’y renouer le lien perdu avec la nature, à la fois retrouvée et violée.

Construisant avec méthode ses compositions, le photographe, auteur d’une trilogie consacrée à l’«imaginaire des lieux» publiée entre 2000 et 2004, parvient à suggérer l’architecture constitutive du sous-bois par l’imbrication de diverses lignes de force : ligne d’horizon, sentiers zigzaguant et troncs d’arbres. L’une des photographies met en évidence la présence d’un pont de béton traversant avec violence le champ photographique, et surprend comme une intrusion de l’architecture «bâtie» par les hommes dans cette nature vierge.

Mêlant la fiction et le documentaire, les images de battues et d’animaux morts de Christophe Bourguedieu opposent avec force le caractère enchanteur de la forêt et la réalité concrète de la mort, produite par l’activité humaine.
A la manière du travail de l’artiste allemand Erik Schmidt, que l’on a pu voir l’an passé dans l’exposition «Nach der Jagd ist vor der Jagd» (Après la chasse est avant la chasse) à la galerie Praz-Delavallade, émerge la question de la prédation et de l’«autoreprésentation masculine».
Comme chez Bourguedieu, la pulsion de mort et l’esthétique de l’agonie, bien balisée dans l’histoire de l’art, se retrouve dans l’image du sanglier mort, observé par deux chasseurs hébétés. L’élément psychologique rencontre ainsi les préoccupations plastiques. Le travail du photographe rejoint l’histoire de la peinture plus encore que celle de la photographie, en établissant un lien entre les personnages, le lieu et l’interprétation narrative.

Christophe Bourguedieu
— Série Le Chien Jaune, 2005. Tirage argentique couleur. 102 x 150 cm.
— Série Le Chien Jaune, 2005. Tirage argentique couleur. 102 x 150 cm.
— Série Le Chien Jaune, 2005. Tirage argentique couleur. 102 x 150 cm.
— Série Le Chien Jaune, 2005. Tirage argentique couleur. 102 x 150 cm.

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