Thomas Klimowski
Le Chat de Shrodinger
Le titre de cette exposition, «Le Chat de Schrodinger» est tiré d’une expérience de physique quantique. Elle peut être résumée ainsi: si on place un chat dans une boîte qui contient un produit toxique et un produit radioactif, lorsque la boîte est fermée nous ne pouvons savoir si le chat est vivant ou mort. Ce n’est qu’en ouvrant la boîte que nous saurons si le chat est vivant ou mort. Cette expérience révèle un paradoxe, le chat ne peut être dans deux états (à la fois mort et vivant) et évoque également une notion d’instabilité.
Thomas Klimowski s’intéresse en particulier à ce moment où quelque chose peut basculer. Il a donc décidé en créant cette exposition d’envisager la probabilité d’une perturbation de l’Å“uvre. C’est dans ce contexte qu’il propose une série d’installations, de dessins, de sculptures, dans lesquels il compose et organise, des signes graphiques, des histoires et des éléments d’origine multiple. Ses Å“uvres explorent le processus expérimental et se réfèrent aussi bien au champ de l’art qu’à la culture populaire.
Le parti pris est d’envisager l’exposition comme un processus évolutif, qui retrace le cheminement d’une idée. Un peu comme s’il transposait dans la galerie, les réflexions issues de la pratique d’atelier.
Il les scénographie dans la galerie, au sein d’un ensemble d’éléments disparates, en devenir, qui s’intitule L’équilibre des ruines. Ces divers éléments présentent une matière de travail: pochoirs de motifs variés, impressions numériques, papiers d’imprimerie récupérés, listes de mots, formes, qui pourront dans l’avenir être réemployés.
Construir(…) la sculpture, est une Å“uvre en bois qui s’inscrit dans la continuité de L’équilibre des ruines et finalise un processus. Pour sa réalisation, Thomas Klimowski a extrait de son réservoir de formes et de matériaux, une photocopie sur laquelle était inscrite «construir(…) la sculpture». Une sorte d’injonction qu’il a pris au pied de la lettre en réalisant ladite sculpture. C’est aussi une façon pour lui, d’explorer le hasard en mettant en place un protocole artistique qui s’apparente à de l’art conceptuel. En somme un parti pris sérieux et plein d’humour.
Dans un autre registre, inspiré cette fois du jeu du tangram (une sorte de puzzle chinois) et du graffiti, il réalise, O grafo i os vestigios, un alphabet qui explore le potentiel graphique de la lettre, en créant un abécédaire en céramique de soixante lettres, dont l’aspect, évoque des vestiges archéologiques. A travers une référence explicite à la lettre et à l’écriture, ces formes prolongent une réflexion sur les jeux de combinaisons qui participent à l’élaboration de la forme, du texte et de la pensée.
Une série de compositions graphiques (Empreinte) très épurées et non figuratives offre un autre niveau de lecture. Ces compositions sont réalisées à partir de feuilles de papier récupérées. Mises au rebut pour quelques traces, empreintes, graffitis, mots ou salissures, elles ont interpellé le regard de l’artiste. En les recadrant et en les recomposant à partir de leurs formes résiduelles, il projette ainsi un espace imaginaire.
Thomas Klimowski présente également l’œuvre Fauves et flore, une structure en bois d’où s’échappe des fils de laine et une corde de lin colorés. Elle évoque à la fois l’aspect d’une sculpture minimale, d’un meuble aux tiroirs ouverts, ou encore d’un métier à tisser.
L’artiste teste notre regard. Impossible de déterminer la vraie nature de cet objet. En imaginant qu’un chat vienne à s’introduire dans l’exposition et à perturber cet édifice savant, à quoi ressemblerait désormais la sculpture?
Les Å“uvres de Thomas Klimowski nous mettent au défi d’observer et de partager sa curiosité à l’égard du monde et des formes.
Thomas Klimowski est diplômé de l’école des Beaux-Arts de Lyon depuis 2006. Il vit et travaille entre la France et la Russie.