Communiqué de presse
Odile Decq, Marcel Dinahet, Georges Dupin, Jérôme Saint-Loubert Bié, Yvan Salomone
Le Chantier
Le 29 juin 2009 était posée la première pierre du nouveau bâtiment du Fonds régional d’art contemporain Bretagne dans le quartier de Beauregard à Rennes. Amorcé en 2001, le projet, exemplaire d’un partenariat entre le Conseil régional de Bretagne et le ministère de la Culture et de la Communication, avec le concours de la Ville de Rennes, a abouti à l’architecture audacieuse et fonctionnelle conçue par Odile Decq.
Cet équipement, prévu pour accueillir l’ensemble de la collection et des ressources qui y sont associées, fera date. Il offrira au public ainsi qu’aux partenaires du Frac des conditions nouvelles, idéales pour mieux connaître et partager le goût des oeoeoeoeuvres de notre temps.
Le chantier, commencé au premier trimestre 2009, est un temps particulier. Le temps, naturellement, du processus de construction, dont l’achèvement aura des conséquences multiples: un accès facilité à la collection comprenant plus de 3000 oeuvres d’art contemporain, le développement du projet pédagogique et documentaire du Frac Bretagne, l’édification d’un nouvel élément du paysage urbain.
Il est aussi un évènement qui définit un avant et un après. Si le chantier est un temps qui s’écrit dans l’espace, c’est aussi par nature un intermède, un intermezzo qui engage à mesurer le chemin parcouru et à se projeter dans un avenir, riche de toutes les potentialités de ce nouvel équipement.
Marcel Dinahet, artiste vidéaste et globe-trotter, habitué à maximiser les ressources locales, a décelé immédiatement le parti qu’il pouvait prendre de la présence quasi permanente de la grue sur le chantier pour filmer celui-ci systématiquement et sur la durée. La caméra, fixée sous la poulie qui lève les charges, enregistre en temps réel le mouvement des hommes et des matériaux, le passage des saisons et les variations météorologiques. Au long des plans séquences servis par la radicalisation du point de vue unique et par le balayage panoramique, s’enchaînent des images aux qualités graphiques et chromatiques étonnantes.
George Dupin et Jérôme Saint-Loubert Bié réalisent ensemble un livre qui, au-delà du chantier, évoque le Frac Bretagne comme une totalité : la collection, l’action, l’équipe, les partenaires, le nouveau programme. A partir d’images «secondes», ils fabriquent une autre façon de faire histoire, qui n’est ni celle du catalogue raisonné ni celle du dépliant d’information. Partant de la masse des reproductions engendrées par l’activité du Frac depuis 1981, ils en proposent un agencement et une forme particulière constituant comme un socle pour une histoire à venir.
Le travail d’Yvan Salomone s’apparente à un arrêt sur image pratiqué au moyen de l’aquarelle selon un programme immuable. Ses oeuvres, sous des dehors d’une trompeuse innocuité, font résonner la mémoire d’un lieu, la coexistence dans un même espace d’éléments incongrus ou harmonieux. Le chantier est une scène, une source d’images littérales ou métaphoriques que le regard et le langage de l’artiste transforment en un observatoire.
Par sa forme, l’exposition est une tentative pour rendre compte, à mi-temps de la construction, de différents niveaux de travaux en cours, celui du chantier proprement dit, ceux menés par le Frac Bretagne à cette étape majeure de son existence, ceux des artistes qui restituent avec acuité ces moments particuliers. Cette forme, expérimentale, peut être considérée comme un chantier sur le chantier.