Daniel Dezeuze
Le Chant des oiseaux
Daniel Dezeuze est né à Alès en 1942. Il passe son enfance à Montpellier où il fait ses études à la faculté des Lettres et à l’école des beaux-arts, auprès de son père, Georges Dezeuze. Il effectue de nombreux séjours à l’étranger (Espagne, Mexique, Canada, Etats- Unis, Chine).
L’œuvre de Daniel Dezeuze témoigne d’un esprit curieux, mobile, irréductible à une forme ou un médium. Membre fondateur du mouvement Supports/Surfaces avec Patrick Saytour et Claude Viallat, D. Dezeuze est au cœur des débats intellectuels et politiques marquants du mouvement de mai 68, notamment avec la création de la revue «Peinture» avec L.Cane et M.Devade.
En 1970, il participe à l’exposition Supports/Surfaces à l’Arc–musée d’Art Moderne de la ville de Paris, considérée comme l’acte de naissance du groupe. En 1972, il rompt avec toute activité militante.
Héritier d’une histoire de la peinture classique, il remet en question l’autorité du tableau dès les années 65 –70 tant sur le plan conceptuel que matériel et il explore la voie de la déconstruction possible du support pictural, interroge l’espace de l’œuvre, toujours réfractaire aux codes et aux règles.
«Daniel Dezeuze met en question l’illusionnisme pictural, présentant dès 1967 des châssis privés de leur toile. Il expose, parfois en plein air, des échelles souples de lattes de bois bâties selon une structure orthogonale. Toute cette période est marquée par l’importance du vide et une mise en scène austère de l’espace.
Au milieu des années soixante-dix, deux ensembles visent à la déstabilisation visuelle: des dessins géométriques tremblés («collimateurs») et des tarlatanes découpées, légèrement rehaussées de couleur.
Puis gestes, couleurs et figuration font successivement irruption dans les dessins des années quatre-vingts en même temps que s’ouvre une période de récupération d’objets divers: portes (1982-1983), rebuts avec lesquels il fabrique des armes énigmatiques (1985-1988).
Parallèlement l’artiste exécute des assemblages hétéroclites, dont l’aspect n’est pas sans rappeler certaines créations d’art brut, et réalise des objets tenant à la fois du piège, du filet à papillons, du panier à provisions, intitulés «Objets de cueillette».
Les œuvres les plus récentes de Daniel Dezeuze illustrent un retour à des préoccupations d’ordre pictural. Elles témoignent même, par l’utilisation de treillis voire de châssis, d’un désir de renouer avec le langage plastique de ses débuts.» Galerie B.Ceysson
«Je me dois, avec un outillage qui m’est propre, de tenir le cap d’une poétique la plus ample possible, teintée d’humour certaines fois, avec une légèreté conquise pour aller à cet essentiel qui ressemble à l’instant.» Daniel Dezeuze
Avec la série des «Blasons» et «Boucliers», D. Dezeuze revisite une tradition de l’art médiéval, tout en restant fidèle à ses préoccupations: traiter de la «peinture tout court».
Les blasons exhibent des motifs de papier peint avec agencements de cloutages argentés —en forme de flèche, de losange, de croix. Chacun porte le blaze d’une famille, d’une lignée princière ou royale ou, plus prosaïquement, d’une corporation. L’artiste propose des armoiries fictives qui, en même temps, ont l’air tout ce qu’il y a de plausibles.
Les boucliers, structures en croisillons couvertes de dépôts de pigments séchés sont un écho lointain de son fameux Châssis avec feuille de plastique tendue (1967), Å“uvre maîtresse qui fut à l’origine de son engagement dans le mouvement Supports/Surfaces.
Et il ajoute sur sa série «Papillons», pastel/papier: «Le dessin est nécessaire. Aucune autre activité ne peut le remplacer… Ceci dit il y a beaucoup de sortes de dessins. Mais ici je traite uniquement d’un dessin de liberté, d’imagination, de surgissement des formes, des couleurs aussi».