Réminiscence du concept de bibliobus, mais pour les œuvres d’art, le Centre Pompidou Mobile a pour ambition d’apporter «aux personnes éloignées de la vie culturelle la possibilité d’une rencontre avec les chefs-d’œuvre de l’art moderne et contemporain».
Chaumont, Cambrai, Boulogne-sur-Mer et, plus tard, l’Aquitaine, Le Havre, Aubagne: telles sont les destinations prévues pour ce musée itinérant, le premier du genre. L’exposition inaugurale sur «La couleur» présentera des œuvres des plus grands maîtres de l’art moderne — Léger, Braque, Matisse, Picasso, Calder — ainsi qu’une installation de l’artiste contemporain Olafur Eliasson.
Invention du non-regretté Conseil de la Création Artistique, le Centre Pompidou Mobile se pense comme un organe de démocratisation culturelle. Annoncé comme un «évènement», il ne fera certainement pas de miracles, tant l’accès à la culture nécessite un apprentissage et une passion assidus. Tout juste pourra-t-il créer des étincelles dans les yeux de ceux qui découvriront pour la première fois les collections du Musée National d’Art Moderne…
Au contraire, les conséquences durables d’un tel projet pourraient s’avérer redoutables, non seulement pour les œuvres elles-mêmes mais aussi pour la vie culturelle locale.
En effet, peut-on déplacer des œuvres d’art majeures et risquer de mettre leur conservation en péril, sous le seul prétexte de décentraliser l’art? N’y a-t-il pas déjà un Centre Pompidou à Metz, construit à cet effet?
De plus, le Centre Pompidou Mobile est-il réellement un cadeau pour ceux qui travaillent déjà en régions à la promotion d’une offre culturelle locale (les FRAC, les associations, etc)? Ne risque-t-il pas de venir se substituer à l’offre existante?
Contrairement à ce que Frédéric Mitterrand a déclaré avec condescendance — «Quand le Centre Pompidou Mobile quitte la ville, il faut que les pratiques culturelles locales ne retombent pas dans la torpeur» (20 minutes, 18 mai 2011) —, jamais, il n’y a eu autant d’initiatives et de projets culturels locaux. S’ils rencontrent actuellement des difficultés, c’est justement parce qu’au lieu de les considérer, d’en évaluer les qualités et de leur apporter son soutien, le ministère de la Culture préfère importer un concept de son invention, aussi rutilant que concurrent. Ainsi, une fois de plus, il ne fait qu’accroître ce qu’il dit combattre: le centralisme parisien de la culture.
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