Communiqué de presse
Arnaud Maguet
Le Caractère fétiche de la musiqueÂ
«Il n’y aura pas d’image, ou en tout cas pas de figure, à part peut-être celle du spectateur. Il y aura des signes. Des signes et des mots qui feront résonner des images, mais ailleurs, dans d’autres temps et d’autres espaces…» Arnaud Maguet.
En réponse à la question de la production inhérente au champ des arts plastiques, Arnaud Maguet (1976, France) a choisi de créer en 2000 son propre label de musique, «Les Disques en Rotins Réunis» (LDRR). Catalyseur d’une activité protéiforme de l’artiste – à la fois plasticien et musicien – son installation LDRR’s JukeJoint, récemment exposée au Plateau parmi les nouvelles acquisitions du FRAC Ile-de-France et aujourd’hui réactivée à travers l’invitation du MAC/VAL («Zones de Productivités Concertées / Entreprises Singulières» : Stuck Inside of Mobile with Memphis Blues Again jusqu’au 26 août 2007), devient ainsi plate-forme de diffusion mais aussi d’échanges entre les productions du label et les mythologies d’Arnaud Maguet. Nostalgie d’un âge d’or du Rock’n’roll, survivance du fantasme Elvisien, persistance d’une imagerie Pop… ; autant d’indices de narration personnelle revisitée à l’aune d’une mémoire collective mêlant mean-stream et subculture.
Avec pour point d’ancrage les théories du philosophe et musicologue Theodor W. Adorno (1903-1969) développées dans son essai Le Caractère fétiche dans la musique et la régression de l’écoute (1938), Arnaud Maguet propose la relecture d’une pensée post-marxiste considérant la culture musicale tel un vecteur de consommation des biens de production qui lui sont propres. Dans une mise en abyme de l’espace, le titre en allemand prête ici son nom à la diffusion d’une œuvre vidéo qui accompagne la sortie du tout dernier opus du label, «LDRR#22: Däs König Kameha Experiment». Une musique répétitive dont le jeu hypnotique s’inspire des recherches du Krautrock, ou comment Ash Ra Temple, Cluster ou Amon Düül 2 ont pu mettre à mal, sur leur propre terrain, la pensée de l’Ecole de Francfort.
Au-delà de la référence, prétexte à de nouvelles productions ici exposées, Arnaud Maguet rend hommage aux signes et attributs d’une identité placée sous le dictat des groupies et autres fans de musique. D’une cocarde anglaise reprise par les Mods et portée fièrement sur un parka militaire, à des pots de gel aux couleurs du spectre vidéo qui s’animent en musique, en passant par une question – et non des moindres, existentielle ! – sur le choix de son Beatle préféré, l’artiste raconte l’histoire d’une enfance stéréophonique qui aurait conservé, comme figée dans le temps, les vestiges et reliques d’une époque qu’il n’a pas connue.