Cantique biblique par excellence, le Cantique des cantiques est à la fois texte biblique et poétique célébrant l’amour entre deux êtres qui se rencontrent et se perdent, se cherchent et se retrouvent. Ce texte du Proche-Orient ancien, s’il ne faisait partie du canon religieux juif et chrétien, pourrait appartenir au registre de la poésie amoureuse. Dans leur spectacle, « Le Cantique des cantiques », Abou Lagraa et Michaël Serre s’emparent de ce chant d’amour universel.
« Le Cantique des cantique » entre mots et mouvements
Abou Lagraa s’inspire pour la première fois d’un texte servant de point d’appui à sa chorégraphie, et met indéniablement en avant la portée universelle du cantique. Il porte son attention sur le récit des péripéties amoureuses concrètes pour s’interroger sur la signification actuelle du sentiment amoureux. Abou Lagraa et Michaël Serre donne alors au texte une plus grande ampleur puisqu’ils n’hésitent pas à aborder des problèmes tout contemporains tels la place de la femme dans nos sociétés, l’intolérance, ou la violence.
Ainsi n’est-il pas surprenant qu’Abou Lagraa, de confession musulmane, aborde la question même du désir et de ses différentes manifestations, et les privations dont il peut être l’objet dans une société où la religion nie désir et plaisir. Sa chorégraphie se veut une sorte de dialogue entre le texte du cantique et la danse, entre deux comédiennes et six danseurs formant sur scène des duos.
La vérité du sentiment amoureux
Dans cet échange constant entre parole et mouvement, le metteur en scène Michaël Serre a pris le parti de faire jouer le texte par deux femmes, voulant ainsi accentuer sa portée universelle et se défaire de la volonté de n’y voir qu’une simple relation amoureuse entre un homme et une femme. La danse trouve à exprimer et incarner les transports amoureux. Les duos se succèdent et rendent sensibles le sentiment amoureux décrit par le cantique en donnant à voir la diversité des rapports entre deux êtres : la rencontre, la perte de l’autre, l’amour éperdu, le conflit, ou la violence.
La danse se confond alors avec l’intimité et l’intensité du sentiment amoureux dont Abou Lagraa tient à restituer la vérité profonde.