Communiqué de presse
Martin Bruneau
Le Bruit des verres
Martin Bruneau développe avec cette série de nouvelles peintures un thème abordé il y a quelques années à partir d’une série de photographies prises lors d’un repas. En choisissant de peindre un repas entre amis, il transforme ce sujet inscrit dans un quotidien, en événement, sans que l’oeuvre soit pour autant commémoration, portrait d’un groupe d’amis, reproduction réaliste d’un cliché photographique, ou inventaire d’un repas au XXIe siècle.
L’artiste choisit ici de ne pas avoir recours à des procédés de détournement, de recouvrement ou de stylisation à outrance. Il s’approche, à sa manière, du Bad Painting (cf Eric Fischl, Wayne Thiebaud) abordant dans cette série de «Repas» dit-il «avec les moyens du bord, c’est-à -dire avec les maladresses et incompétences qui sont les miennes et qui sont celles propres à toute représentation non mécanique. Le « réel » se situe peut-être dans ces maladresses et approximations?»
Les personnages représentés deviennent Figures de la peinture, initiées par la photographie, dont le sujet est le repas, mais le plaisir aussi, de regarder, de percevoir au delà des pigments, le bruit des verres…
«Passer du temps à regarder la série des Repas, c’est voir comment des éléments aussi hétérogènes ontologiquement que des corps vivants, des objets fabriqués, des éléments naturels, des sons etc. «tiennent ensemble». Le peintre compose une présence. Le piège de la peinture, son échec possible, est la transparence totale, lorsque le spectateur passe au travers de la toile sans voir la peinture. Peindre pour sortir de la figuration.
Faire de la peinture pour éviter le piège d’un certain usage de la photographie qui rend les images lisses et muettes. Le peintre est un équilibriste qui évite de passer à travers la fenêtre mais également de s’embourber dans la matérialité de la peinture. Si l’équilibre est atteint, la réalité se tient là , face à nous et nous fait exister face à elle. S’il est rompu dans un sens ou dans l’autre, il n’y a plus rien à voir.
A l’heure où les images de toutes sortes surgissent sur nos écrans dans un flux continu, le peintre s’arrête pour s’installer dans une durée qui nous donne le sentiment d’exister. Peindre prend du temps, regarder la peinture aussi.» Laure Blanc Benon, in La Question du réalisme en peinture. Approches contemporaines, Paris, Vrin, Coll. «Essais d’art et de philosophie», 2009
Vernissage
Samedi 8 février à partir de 16h.