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Le Bonheur à tout prix

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Peintures, peluches et photos : les matériaux d’une œuvre empreinte d’optimisme et de gaieté, qui se situe entre langage, territoire, transformation et humour.

Le Bonheur à tout prix est autant le titre de la nouvelle exposition de Gwen Rouvillois qu’un résumé de sa pratique artistique. Ses peintures, ses peluches et ses photos puisent dans un imaginaire commun pour livrer leur touche d’optimisme et de gaieté. Mais c’est surtout à travers les transformations formelles successives que tout s’opère.

L’origine et l’originalité des oeuvres proviennent d’un jeu et plus spécialement d’un jeu de langage. Le jeu de mot est le déclencheur de beaucoup d’oeuvres depuis le milieu des années 90. L’interrogation du paysage et de son territoire par la syntaxe est un jeu qui s’élabore premièrement entre un signifiant et un signifié. Plastiquement, cela se traduit par des construction en diptyque, par des oppositions entre photographie et texte comme dans Nous supprimons (1995) qui accole la photo d’un pavillon de banlieue et une phrase qui stipule que «nous supprimons: ravissant, coquet, magnifique, idéal, rare […] pour conserver à nos annonces leur sobriété et leur honnêteté». Comme dans la série des pays «sages», le texte peut-être un article du code civil qui rajoute à l’ironie du propos.

On l’aura compris, le môle formé par l’articulation entre langage, territoire, transformation et humour est le terreau de base à toute expérience artistique chez Gwen Rouvillois. Ces quatre éléments se retrouvent une fois de plus dans cette nouvelle exposition. Ils se déclinent suivant les différents médiums et malgré des différences très fortes entre les pièces. De là découle une vraie unité qui pointe et inonde l’ensemble de la production. Si l’humour donne le ton, il faut rechercher dans le rose, la couleur fétiche de l’artiste, une forme reconnaissable entre toute.

Sachant jouer avec des figures fortes comme d’un écusson, comme d’un blason (les gratte-ciel, les nounours, la couleur rose), Gwen Rouvillois parvient à poursuivre sa réflexion sur ses thèmes de prédilection. En utilisant l’ourson comme le symbole de l’enfance, elle provoque immédiatement la sympathie du spectateur.
Elle parvient à transformer ce capital sympathie en vrai formulation plastique. Avec ses tableaux en fourrure synthétique comme Le Bonheur à tout prix (2) et On a tous besoin d’un nounours (2001), une recherche sur la confrontation de deux tableaux est encore présente. Enfin l’humour devient jubilatoire quand une genèse du monochrome est tentée. Le rose envahit progressivement l’image pour la recouvrir entièrement sur la quatrième photographie.

Cette jeune artiste ne se prive d’aucun outil, ni d’aucun médium pour se livrer à ses interrogations sur l’urbanisme et la jungle urbaine opposée à la nature. Son discours présente l’avantage d’être immédiatement compréhensible, mais a aussi l’inconvénient d’être dans sa réalisation bien peu attractif. C’est dans la série sur les ours en peluche qu’il faut rechercher un supplément d’audace et d’humour.

Genèse, Virus & Mégalomanies, 2001. Technique mixte sur papier. 67 x 81 cm.
Genèse (2), 2002. Huile sur bois. 50 x 57 cm.
On a tous besoin d’un nounours, 2001. Lambdachrome sous diasec, peluche. Diptyque : 100 x 245 cm.
Virus, 2002. Acrylique sur toile. 168 x 141 cm.
Mégalomanie : La Lune, 2001. Acrylique et huile sur toile. 2 éléments : 218 x 115 cm.
Mégalomanie : Mars, 2001. Acrylique sur toile. 3 éléments : 207 x 196 cm.
Mégalomanie : Vénus, 2001. Acrylique sur toile. 4 éléments : 220 x 298 cm.
Le Bonheur à tout prix (2), 2001. Lambdachrome sous diasec, peluche. Diptyque : 100 x 183 cm.
Nature morte, 2001. Technique mixte sur bois. 57 x 125,5 cm.
Genèse du monochrome rose (1), 2001. Lambdachrome sous diasec. Quadriptyque : 30 x 138 cm.
Nounours savant, 2001. Lambdachrome sous diasec. 40 x 96 cm.

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