Frédérique Lucien, Bernard Moninot
Le biais du dessin
Tandis que le dessin est généralement associé à bidimensionnalité et assujetti à la peinture, Frédérique Lucien et Bernard Moninot envisagent le dessin autrement, comme une pratique autonome et multiple. Si leurs démarches artistiques sont fondamentalement différentes dans leurs intentions, la familiarité entre leurs oeuvres tient à leur recours quasi systématique au dessin. Faire dialoguer leurs oeuvres révèle leurs semblables intuitions et parfois même, par contraste, quelques parentés formelles.
La rigidité d’un contour chez Lucien s’oppose à une ligne mouvante chez Moninot. Pour ces deux artistes, le dessin ne se cantonne pas seulement au papier et ne relève pas nécessairement du caractère intime qui lui est souvent conféré. Le dessin advient par ailleurs, empruntant des chemins de traverse: la transparence, l’opacité, l’ombre, la lumière, la superposition, la découpe. Cette invention créatrice est sous-tendue par la variété des sujets abordés aux confins du dessin traditionnel des beaux-arts, du dessin scientifique et technique.
Les moyens utilisés par Frédérique Lucien et Bernard Moninot font situer leurs oeuvres aux lisières de la définition traditionnelle du dessin. La variation d’échelle et de support n’exclut pourtant pas les outils classiques du dessin. Au commencement, il y a toujours la feuille de papier et le crayon. La ligne. Leurs carnets de recherches témoignent d’une grande précision et d’une réelle application. Ils n’ont d’ailleurs pas de fonction exutoire ou compulsive, ils sont le laboratoire de l’oeuvre. Ni approximation ni ligne torturée: chaque trait est posé, chaque forme déposée.
Frédérique Lucien et Bernard Moninot se rejoignent par le biais du dessin, leurs oeuvres s’activent, par variations, par ricochets. Mises en regard pour la première fois, elles se donnent la réplique en négatif. Comme autant d’ondes dessinées