ART | EXPO

Le Barrage

10 Déc - 15 Jan 2011
Vernissage le 09 Déc 2010

Dans un monde où la logique du flux prédomine, Fabien Giraud et Raphaël Siboni imaginent, à la galerie Loevenbruck, la possibilité d’un barrage.

Communiqué de presse
Fabien Giraud et Raphaël Siboni
Le Barrage

«Aucun homme, aucune forêt n’a le privilège de l’expression.
L’expression, c’est autant les plis du rire sur la peau d’un visage que le lent refroidissement du magma dans la constitution du granit. Elle n’a pas d’échelle propre. Elle ne témoigne d’aucune subjectivité. Au plus simple, l’expression est la manifestation d’un changement d’état dans l’évènement d’une rencontre. C’est l’émergence d’une saillance dans le passage entre deux états stables de la matière affectée par un élément extérieur.

Le barrage est ce par quoi la rivière vient à s’exprimer. Il coupe son flux et altère la régularité de son écoulement. Il en accumule la puissance. Et la pression incommensurable qui s’exerce contre la falaise d’un barrage, c’est le cri d’une rivière sous les traits de l’immobilité la plus absolue.» Fabien Giraud et Raphaël Siboni

Bloquer – les rivières.
Dans un monde où la logique du flux prédomine, où priment la répartition infinie des singularités et la flexibilité du système face à la fluctuation des désirs, Fabien Giraud et Raphaël Siboni imaginent, à la galerie Loevenbruck, la possibilité d’un barrage.

Un barrage est une construction humaine qui a une double vocation: bloquer le flux des rivières pour en permettre le contrôle et transformer leurs débits en source d’énergie. Le barrage est l’arrêt d’un cours d’eau, une retenue positivée qui permet son intensification et sa transformation. Structure en béton, le barrage est un matériau exogène au flux. Mais, se demandent les artistes, pourrait-on envisager que se dresse un barrage liquide au coeur même de la rivière qui fasse obstacle et enraye la tranquillité de l’écoulement?

Pour l’exposition «Le Barrage» à la galerie Loevenbruck, les artistes présentent deux sculptures et une vidéo. La vidéo présente une série d’images qui racontent et envisagent la question du barrage et de ses conséquences artistiques et hydrauliques; sa durée équivaut à celle d’une journée d’ouverture de la galerie. Ainsi 15h22 ressemblera toujours à 15h22.

Deux voitures compressées, puis décompressées à la main, sont extraites du flux du monde et se présentent comme une réflexion sur la sculpture même : dans ce paysage liquide d’infinies variables, quand et comment produire un événement ? Une voiture est posée au sol, la seconde se dresse. Cette caryatide contemporaine se voudrait soutien de l’architecture, colonne inattendue, élément de structure indispensable et perturbateur de notre paysage fluide. La sculpture fait barrage à notre Condition (titre de l’exposition parallèle à la galerie Loevenbruck) et se présente, dans son redoublement et dans son érection, comme une tentative répétée de dresser une chose comme monde possible. Elle fait acte de résistance contre notre temps, contre notre espace.

S’inscrivant dans la droite ligne de leurs questionnements sur la redéfinition de la notion-même d’expérience artistique, interrogations débutées avec la série Sans Titre (La Vallée Von Uexkull) présentée en 2009 à la galerie Loevenbruck puis redoublée au sein de Dynasty (Palais de Tokyo et Musée d’art moderne, Paris, 2010), Fabien Giraud et Raphaël Siboni travaillent le barrage comme possibilité d’une émergence, comme condition de l’événement.

Vernissage
Jeudi 9 décembre 2010, à partir de 18h.

critique

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