PHOTO

Laurina Paperina

Pour être efficace, l’art doit être primitif. Ne pas se perdre dans des questions de formes quand l’urgence de la situation l’exige. Voilà peut-être pourquoi les peintures de Laurina Paperina sont si naïves. Leur ambition n’est pas d’être esthétique. Car dès qu’elles ne suscitent plus le rire, elles passent à côté de leur mission : être pour notre génération un curatif.

Or, qu’y a-t-il de plus morbide que l’amour que nous portons à nos idoles ? Notre incapacité à sentir que cet amour nous assassine. Que ce soit pour les catholiques avec Ratzinger, ou bien pour les artistes avec Andy Warhol, le résultat est toujours le même : chaque sous-culture nous pousse à suivre ces meneurs et à renoncer progressivement à faire usage de notre sens critique. Alors sachons pour une fois faire preuve de scepticisme et posons avec Laurina Paperina à nos idoles quelques questions.

Où est le christianisme pour celui qui se contente d’admirer les contingences de son institution ? Où est l’art pour celui qui pense avec Warhol que ce sont les médias qui font l’artiste ? Dans les deux cas, au même endroit : dans la docilité et la soumission; dans la confortable illusion de croire que d’autres peuvent agir et penser à notre place.

Alors gloire à Laurina Paperina qui exige de nous que nous ne l’admirions pas. Que nous ne soyons pas ses disciples mais, comme elle, de libres penseurs. Dans chacune de ses oeuvres se répète le même leitmotiv, la même ironie méchante qui poussait déjà Nietzsche à écrire ces lignes : «Il y a dans le monde plus d’idoles que de réalités: c’est ce que m’apprend le ‘mauvais Å“il’ que je jette sur le monde et aussi la ‘méchante oreille’ que je lui prête… Là aussi questionner à coups de marteau, et, qui sait, percevoir pour toute réponse ce fameux ‘son creux’ qui indique des entrailles pleines de vent»  (F. Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, Avant-propos).

Mais n’oublions pas non plus que la tâche la plus haute de l’art n’est pas d’être ironique. L’ironie n’est pour l’artiste, au mieux, «qu’un délassement, qu’une tâche solaire au milieu d’un loisir studieux» (idem). Ainsi, par-delà le rire se dresse la tâche authentique et paradoxale de l’art : faire de la finitude de l’homme le point de départ d’une incarnation dialectique de l’infini dans le fini.

Laurina Paperina
— Banksy, paint on wood, 2008.
— Lincoln, paint on wood, 2008.
— Lost in the Pollock world, paint on wood, 2008.
— Mickey Mouse in the dark hole, paint on wood, 2008.
— Tamagoshi and brain, paint on wood, 2008.
— Ben laden, paint on wood, 2008.
— Famous bus people, paint on wood, 2008.
— Everybody is happy in smurfland, paint on wood, 2008.
— Super Pape Bros, paint on wood, 2008.
— Sarkozy and Carla, paint on wood, 2008.
— Barry Mc Gee, paint on wood, 2008.
— Pape Brain, paint on wood, 2008.

AUTRES EVENEMENTS PHOTO