Laurent Montaron
Laurent Montaron
Pour sa seconde exposition à la galerie, Laurent Montaron présente une serie de nouveaux travaux : une photographie, une installation et un film.
A l’entrée de l’exposition est présentée l’image photographique d’une main qui lance des osselets, et dont l’un d’eux est suspendu en vol.
Dans l’Antiquité, les Grecs se servaient des osselets pour prédire l’avenir. Utilisés aussi comme jeu de hasard et d’adresse, les osselets ne furent employés comme divertissement que plus tard. En évoquant ici des pratiques divinatoires, l’artiste initie une réfléxion sur l’idée d’un futur déterminé, et prévisible.
L’installation lumineuse est un dispositif dans lequel deux ampoules identiques sont placées, de manière symétrique, sur l’axe central d’un mur.
Lorsque l’on actionne l’interrupteur qui se trouve à proximité des deux lampes, un circuit de commande électronique déclenche un algorithme générant un choix aléatoire déterminant laquelle des deux ampoules va s’allumer. Lorsque de nouveau l’on presse l’interrupteur, le processus de choix se remet en marche, alternant tour à tour l’allumage de chaque ampoule, jusqu’à l’arrêt progressif du calcul sur l’une d’elles, à la manière d’une roulette.
Le film Will there be a sea battle tomorrow ? est une lente et elliptique narration qui alterne les temporalités et les actions. Il retrace le déroulement d’une expérience sur l’étude des facultés extra-sensorielles chez l’individu, et s’inspire de recherches menées à ce sujet par divers instituts. L’un d’eux, l’institut de parapsychologie de Freiburg en Allemagne employait la machine qui figure dans le film. Cette machine, le « Psi-recorder », est un générateur de hasard utilisé dans plusieurs expériences de clairvoyance, de télépathie et de précognition.
Will there be a sea battle tomorrow ? met en scène une expérience de précognition qui tente d’établir l’habileté du sujet testé à deviner parmi cinq symboles lequel va être ensuite tiré au sort par la machine située dans une pièce voisine. Le test de précognition dans son protocole même soulève des questions liés aux rapports qu’entretient la science avec la croyance. Le film met en lumière, au-delà des possibles capacités de l’esprit humain à développer des facultés extra-sensorielles, l’hypothèse que formule le test lui-même, en avançant que le futur pourrait être déterminé.
Le titre du film (littéralement : Y-aura t-il une bataille navale demain ?) est une question de logique posée dans la Grèce antique, par Diodorus Cronus, qui formule le problème dit des futurs contingents. Lorsqu’une proposition est vrai ou fausse au présent, celle-ci devient une fois appliquée au futur, un problème de logique insurmontable. Une double question concernant le statut ontologique du futur est alors posée : est-ce que notre futur est ecrit ? ou non ?, l’existence du futur remet-elle en question les fondements de la logique ?
Will there be a sea battle tomorrow ? forme un dédale de propositions logiques et contradictoires qui suscitent chez le spectateur des questions fondamentales, qui bien que sans réponses mettent en perspective notre condition d’une manière poétique.