Laurent Le Deunff
Laurent Le Deunff
À l’occasion de l’exposition d’été, le Frac accueille Laurent Le Deunff. Cet artiste français utilise souvent dans ses œuvres des matériaux naturels tels que le bois, l’ambre gris, des dents d’animaux ou encore les rognures d’ongles. Outre des sculptures allant du monumental au plus petit, Laurent Le Deunff dessine beaucoup de scènes se déroulant dans la nature: chasseurs en action, animaux en rut ou autoportraits dans les bois. Ces dessins, faits au crayon de bois, sans couleur, sont à la fois minutieux et évanescents, avec un trait prêt à disparaître à tout moment. Cette légèreté et cette précision se retrouvent dans les sculptures, esquissant des silhouettes aux contours nets. Avec un minimum de moyens, l’artiste livre un ensemble de sculptures en carton pâte conçu pour l’exposition, qui évoque immédiatement le vivant: trompes d’éléphant, coquillages et galeries de taupes.
Ces œuvres en trois dimensions peuvent faire penser à un herbier par la mémoire des formes qu’elles proposent, et qui échappent petit à petit au registre de classification initiale. Disposées au sol, au mur ou sur un socle, ces œuvres récentes aux formes brutes envahissent les lieux et font penser tour à tour à des fossiles, à des objets archéologiques ou à des traces extraterrestres. Les «coquillages» de Laurent Le Deunff débordent de leur nature pour intégrer un monde humain, domestiqué, que l’on retrouve dans les matériaux utilisés: grillage de poule, papier mâché, bandelettes de plâtre, etc. Finalement, l’artiste s’éloigne d’une démarche écologique pour aborder l’idée de nature: «Cette manière de neutraliser l’objet reconnaissable par le recours à d’autres matériaux est valable pour toutes les sculptures de Le Deunff. L’artiste nous met ainsi face à une énigme, celle d’un double qui n’en est plus un. «This is what is not», littéralement,«c’est ce que ça n’est pas»». (Alexis Vaillant)
La boutique de souvenirs de bord de mer, avec ses coquillages déclinés à l’envi et ses tableaux de nœuds marins, ont inspiré l’artiste pour cette exposition, tirant parti de ce détournement de la nature. Ces formes naturelles sont un prétexte pour créer des sculptures qui échappent à toute classification ou définition pragmatique.