OttO

L’exposition « OttO » à la galerie parisienne Perrotin dévoile, autour du film éponyme, des œuvres inédites de Laurent Grasso qui croisent théories scientifiques et croyances animistes.

« OttO » : sculptures et film de Laurent Grasso animés par des phénomènes invisibles

Poursuivant sa réflexion sur les formes du pouvoir politique et scientifique, Laurent Grasso consacre ses dernières réalisations à une recherche sur le pouvoir des ondes, et s’intéresse pour cela à des croyances animistes et des théories scientifiques qui ont en commun de renvoyer à des phénomènes invisibles mais réels produits par des vibrations et des fréquences électromagnétiques.

Au centre de l’exposition, le nouveau film de Laurent Grasso, intitulé OttO, est projeté pour la première fois en France. On y voit de larges sphères de verre survoler en un lent mouvement presque hypnotique les terres aborigènes, dans le désert australien du Territoire du Nord, dans quatre sites habituellement inaccessibles au public. A travers ces images tournées à l’aide de caméras thermiques et hyperspectrales restituant le rayonnement électromagnétique des terres, Laurent Grasso a cherché à « rendre visible le rayonnement de ces lieux sacrés » et à rendre « palpables les narrations secrètes de la culture aborigène autour de ces lieux ».

Avec « OttO », Laurent Grasso tente de représenter l’immatériel

Autour du film gravitent diverses sculptures hybrides et actives, dont le fonctionnement électromagnétique peut avoir un impact sur le corps et l’esprit du visiteur. Une machine de Steiner, des sphères de verre aux peintures conductrices d’électricité ou encore des sculptures spirales aux formes hypnotiques plongent l’espace de la galerie dans le bain des fréquences qu’elles émettent. Ces sculptures forment avec le film un tout qui agit de façon commune sur les visiteurs.

Le titre de l’exposition et du film, OttO, symbolise la superposition entre récits cachés et expérimentations scientifiques qui est au cœur du projet de Laurent Grasso en renvoyant à une double référence : le prénom d’un aborigène, OttO Jungarrayi Sims, qui a permis l’accès aux sites filmés, dans le respect des protocoles de son peuple, et celui de Winfried Otto Schumann, un physicien allemand qui a révélé l’existence de fréquences de résonnance du champ électromagnétique terrestre.

Avec « Otto », Laurent Grasso poursuit sa tentative de représentation de l’immatériel et ses recherches sur la mise en forme esthétique, poétique et fictionnelle d’utopies, de mythes et de théories scientifiques. Les résonnances découvertes par Winfried Otto Schumann représentent pour lui la possibilité d’une transcription scientifique d’une forme de sacré.