Lauréat Prix Ricard 2003

Mathieu Laurette
Lauréat Prix Ricard 2003

Le Centre Pompidou, Musée national d’art moderne présente Mobile information Stand For Moneyback Products (International Version), une œuvre majeure de Matthieu Laurette, exposée en France pour la première fois. Matthieu Laurette a reçu le Prix Ricard S.A. dans le cadre de l’exposition  » Propaganda « , conçue par Pascal Beausse et présentée du 23 septembre au 24 octobre 2003 à l’Espace Paul Ricard, qui confie chaque année à un commissaire invité l’organisation d’une exposition d’artistes représentatifs de la jeune scène française.

Le prix Ricard
Créé en 1999, le Prix Ricard S.A. est décerné par un jury composé de collectionneurs et amis des grands musées français, et récompense l’un des artistes au terme de l’exposition. Le Centre Pompidou a souhaité encourager cette initiative en exposant depuis 2000 les œuvres des lauréats. La société Ricard a décidé de faire don au Centre Pompidou de l’œuvre de Matthieu Laurette Mobile information Stand For Moneyback Products (International Version). Cette étroite collaboration enrichit chaque année les collections du Musée national d’art moderne.

L’artiste et son oeuvre
Mobile Information Stand For Moneyback Products (International Version), 1999, sur les produits remboursés, est une œuvre majeure de Matthieu Laurette qui s’inscrit dans le cadre du projet d’étude sur les produits remboursés. Conçue à l’origine comme un stand temporaire d’information pour le lobby de l’ICA-Intitute of Contemporary Arts (Londres) à l’occasion de l’exposition « Crash! Corporatism and Complicity » (1999), l’œuvre inédite en France a largement été présentée à l’étranger.
L’installation réunit un ensemble d’outils et de formes propres au registre mis en place par Matthieu Laurette au cours des années 90.

La méthode des produits remboursés
Dès 1991, à partir d’une réflexion pragmatique et conceptuelle sur ses moyens de subsistance et la présence de l’artiste au sein de la « société spectaculaire marchande », Matthieu Laurette a mis en place une « méthode » de consommation de ce qu’il nomme les « produits remboursés », un système lui permettant de subvenir à ses besoins vitaux principaux (nourriture, hygiène, ménage mais aussi parfois habillement ou équipement ménager et professionnel). Sa « méthode » pour consommer en récupérant 100% de la somme dépensée repose principalement sur les stratégies marketing des grands groupes industriels qui proposent pour lancer de nouveau produits ou de nouvelles recettes des produits porteurs d’offres promotionnelles « Satisfait ou remboursé » ou « Premier achat remboursé ».
Après avoir vérifié sur lui-même l’efficacité de l’exploitation méthodique des « produits remboursés », Matthieu Laurette élabore différentes stratégies de communication pour populariser sa « méthode » : tracts distribués dans la rue ou lors d’expositions, interventions dans le métro parisien (Bonjour, je ne suis pas là pour vous demander de l’argent mais pour vous proposer d’en gagner, 1996), réunions d’information chez des particuliers, visites guidées « in situ » de supermarchés), conférences publiques « Comment faire ses achats remboursés », site Internet, ouverture de Showrooms, camion vitrine itinérant et points d’informations temporaires sur les produits remboursés en France et à l’étranger.
En retournant à son avantage les lois du marketing et des mass médias, Matthieu Laurette inscrit son travail dans une stratégie d’infiltration et de redistribution. En 1993, il déterminait son acte de naissance artistique par sa participation au jeu télévisé « Tournez manège », où, interrogé par Evelyne Leclerc, il se déclare « artiste multimédia ». Dès lors, il utilisera la télévision comme lieu et outil de travail, en instrumentalisant la capacité de ce médium à réunir des moyens de production et de diffusion ainsi qu’un public. Si dans un premier temps, il assume le statut de figurant passif proposé à tout citoyen par le système spectaculaire, ensuite, il prend place parmi le public d’une multitude de shows télévisés, constituant un corpus d’Apparitions, images ready-made qui devraient autant à l’idée duchampienne de rendez-vous qu’aux quinze minutes warholiennes de célébrité.
En 1996, Matthieu Laurette décide d’utiliser ses Apparitions dans les médias pour expliquer sa méthode des produits remboursés à la télévision dans l’émission Je passe à la télé. S’en suivra un déferlement médiatique qui le mènera aux plateaux d’émission télévisées (le 13h et le 20h de France 2 en 1997), à la Une du journal Le Monde, ou dans les pages de journaux à sensation britanniques qui le qualifieront de « Freebie King » (Roi du gratuit). Invité par Harald Szeemann à l’occasion de la Biennale de Venise en 2001, il clôture ce cycle en présentant dans un environnement d’agrandissement de coupures de presse et de passages télévisés une sculpture de cire hyperréaliste produite par les sculpteurs et artisans qui réalisent habituellement les portraits des célébrités médiatiques pour le musée Grévin.

L’oeuvre
Mobile Information Stand For Moneyback Products (International Version), 1999, est une œuvre constituée d’agrandissements de coupures de presse, de flyers en français et en anglais, d’un téléviseur qui diffuse en boucle une sélection d’Apparitions télévisées et d’une vitrine contenant des exemples de « produits remboursés » provenant de ses recherches en France, en Grande Bretagne, en Italie et aux Etats-Unis. C’est une installation de grande dimension à géométrie variable qui matérialise d’une des manières les plus complètes la « méthode » de consommation de « Produits remboursés  » et les stratégies conceptuelles de l’artiste.