Shahryar Nashat
Lauréat du Prix Lafayette 2013
Pour l’exposition du lauréat du Prix Lafayette 2013 au Palais de Tokyo, Shahryar Nashat propose une mise en espace autour de son film Hustle in Hand (2014), dans lequel on assiste aux tractations secrètes entre des personnages dont on ne voit que les torses. Argent, nourriture, apparence, consommation, le spectateur est entraîné dans une ronde de transactions, comme une rumination de notre société où l’art occupe une place convoitée. Le rythme du film est soudain rompu par l’apparition d’un polyèdre vert qui, une fois léché par un des mystérieux protagonistes, devient jaune d’or, une magie accompagnée par une montée appuyée de violons.
Les œuvres de Shahryar Nashat se composent de fragments où s’entrelacent le baroque, l’humour, la sensualité et l’insolence. Ses installations dans lesquelles la vidéo occupe une place prépondérante, associent photographie, sculpture, mobilier, et questionnent souvent le magnétisme de l’objet d’art, mettant en jeu une équivalence entre les objets et les corps. Leur présence dans un espace est toujours pour l’artiste un sujet d’étonnement, de fascination et de désir: un équilibriste se tenant sur une main dans les salles Rubens du musée du Louvre, des flacons de parfum pour homme à l’essai dans un grand magasin, ou encore une gigantesque plaque de béton coulée dans une usine de Berlin et affinée par un ouvrier qui pourrait être le sosie de Glenn Gould.
L’artiste entre volontiers dans un rapport d’intimité avec l’objet d’art, utilisant parfois les œuvres d’autres artistes. Une vidéo montre les techniciens en gants blancs du Kunstmuseum de Bâle déplaçant une statue, un cycliste de bronze de Karl Geiser. La caméra cadre le toucher involontairement sensuel de leurs gestes.
Depuis plusieurs années, Shahryar Nashat met en scène des formes génériques, cubes et polygones verts qui symbolisent la puissance totémique de l’art, dans ses relations à l’espace muséal et à la performance. Dans la scénographie qu’il a créée pour Parade — réinterprétation par le chorégraphe Adam Linder du ballet conçu en 1917 par Jean Cocteau sur une musique d’Erik Satie —, et dans le film qui en est le prolongement, il explore avec humour la relation entre les postures des corps et la présence envahissante de l’objet.
Cette exposition est organisée dans le cadre du  Prix Lafayette 2013, avec le soutien du Groupe Galeries Lafayette.
Shahryar Nashat est né en 1975. Il vit et travaille à Berlin.
Vernissage
Dimanche 19 octobre 2014 Ã 21h