Martin Le Chevallier
L’Audit
Afin de s’assurer de la pertinence de son travail et de ses chances de réussite, Martin Le Chevallier a demandé à un cabinet de consulting de lui faire subir un « audit de performance artistique ».
Un consultant a ainsi évalué sa démarche et ses oeuvres et a mesuré ses débouchés commerciaux et artistiques au regard de l’offre concurrentielle. Après avoir confronté l’âge de l’artiste à son taux de notoriété, le consultant a finalement estimé que poursuivre son activité pourrait être pertinent, en termes de viabilité commerciale et artistique.
La condition pour cela serait d’adopter une stratégie de développement artistique judicieuse. Plusieurs stratégies furent alors proposées, chacune déterminant des orientations esthétiques, conceptuelles, commerciales, médiatiques et relationnelles.
L’artiste fit son choix, et décida de respecter fidèlement les recommandations qui lui étaient faites, afin de s’assurer une parfaite implantation au sein du marché et de la postérité.
Initié à l’occasion des « Ateliers de Rennes », ce processus de consulting trouve son aboutissement dans l’exposition « L’Audit ».
Le visiteur pourra là , tel un dirigeant d’entreprise, assister à la présentation des conclusions de cet audit. Confronté au ballet mécanique d’un powerpoint sibyllin, son oreille suivra avec attention les sinuosités dialectiques de la pensée entrepreneuriale appliquée à l’activité artistique.
À travers ce projet, la volonté de Martin Le Chevallier est de pointer les convergences et les contradictions entre logique d’entreprise et démarche artistique.
Quelles dimensions sensibles, poétiques ou conceptuelles ne peuvent se soumettre au pragmatisme économique ?
Quelles stratégies de conquête sont bel et bien communes aux artistes et aux entreprises ?
Né en mai 68, Martin Le Chevallier développe, depuis la fin des années 90, un travail posant un regard critique sur les idéologies et les mythes contemporains. Volontiers ironiques, ses créations empruntent à notre époque des outils et des processus qui la caractérisent.
Ainsi, après avoir évoqué les chimères du contrôle social par un jeu de vidéo-surveillance, les pathologies consuméristes par un serveur vocal téléphonique, ou l’utopie sécuritaire par une bande-annonce de ce qui nous attend, il s’emploie à présent à fonder ces représentation sur une interférence avec la réalité.
Cet audit intervient donc après dix années de recherches et de production artistique. Appliqué à un artiste confronté au cruel défi de la sélection darwinienne (comment passer du statut de jeune artiste prometteur à celui d’artiste international confirmé ?), cet examen stratégique constitue une réponse humoristique à notre désir d’assister à l’émergence des génies de demain.
Martin Le Chevallier a participé à de nombreuses expositions collectives en France et à l’étranger: « Connivences » (biennale de Lyon, 2001), « Art & Economy » (Deichtorhallen, Hambourg, 2002), « Big Torino 2002 » (biennale de Turin), « Tutto Normale » (Villa Médicis, Rome, 2002), « Fundamentalisms of the New Order » (Charlottenborg Exhibition Building, Copenhague, 2002), « Reactivate ! » (State Library of Victoria, Melbourne, 2004), « Populism » (Contemporary Art Center, Vilnius; National Museum of Art, « Architecture and Design », Oslo; Stedelijk Museum, Amsterdam; « Frankfurter Kunstverein », Francfort, 2005), « Arrêté » (Kunstraum, Vienne, 2005-2006), « This is America » (Centraal Museum, Utrecht, 2006), « New Horizons » (La Centrale Electrique, Bruxelles, Marco, Vigo, CRAC Alsace, Alkirch, 2007), « Les ateliers de Rennes » (biennale de Rennes, 2008), « Niet Normaal » (De Beurs van Berlage, Amsterdam, 2009-2010), etc.
Vernissage
Samedi 6 septembre. 18h-21h.