Lucian Freud
L’Atelier
Le Centre Pompidou rend un hommage inédit à Lucian Freud, l’un des plus grands peintres contemporains, aujourd’hui âgé de 88 ans. Lucian Freud figure parmi les artistes vivants les plus importants au monde et n’avait pas été exposé en France depuis la dernière rétrospective déjà réalisée par le Centre en 1987, voilà un quart de siècle, alors même que sa renommée n’a cessé de croître et que la place éminente qu’il occupe s’inscrit sans conteste dans l’histoire de l’art et de la peinture.
L’exposition présente un ensemble exceptionnel de chefs-d’oeuvre composé d’une cinquantaine de peintures de grands formats, complétées par une sélection d’oeuvres graphiques et des photographies de l’atelier londonien de l’artiste, en provenance, pour la plupart, de collections particulières. L’exposition s’organise autour du thème de l’atelier, ce huis clos qui fonde la peinture et la pratique de Lucian Freud.
Elle réunit, dans un espace de plus de 900 m2, les principales grandes compositions du peintre dites Large Interiors, les variations autour des maîtres anciens, la série des autoportraits et les récents et imposants portraits de Leigh Bowery ou de Big Sue, chefs-d’oeuvre du peintre.
La singularité du travail de Lucian Freud tient en grande part au traitement minutieux et quasi obsessionnel du portrait et du nu fondé sur une approche absolue du métier de la peinture. «Je veux que la peinture soit chair (…)».
Le modèle est observé dans le monde clos de l’atelier, laboratoire du peintre. Lucian Freud ne peint que ce qu’il place au sein de cet espace ; il y installe ses modèles selon des mises en scène précises, mettant en jeu le mobilier et les objets raréfiés de l’atelier, accessoires récurrents et reconnaissables des compositions: plante verte, canapé crevé, fauteuil usé, lit en fer, lavabo, murs maculés de peinture.
Les quelques paysages – immeubles et bâtiments industriels de Londres, arrière-cours, terrains vagues, décharges, jardinets – construits selon des angles de vue en plongée, serrés, sont peints en général à partir des fenêtres de l’atelier ou sur le seuil de celui-ci ; la nature chez Lucian Freud est une nature urbaine, étriquée, qui se décline du ficus au jardinet.
Ainsi, les adresses successives de ses ateliers constituent des éléments de titre ou de datation (w11, w9…), depuis celui de Paddington où il s’installe en 1943 pour trente ans, jusqu’à la maison de Notting Hill en passant par le loft de Holland Park. Le thème de l’atelier porte en lui la métaphore de la peinture: le huis clos entre le peintre et son modèle (depuis Rembrandt en passant par Courbet et Picasso), l’espace de la peinture – représentation du réel, processus de création -, la figure de l’artiste – autoportraits et relecture des maîtres.
Le parcours de l’exposition se conclut par la présentation de deux films: Small Gestures in Bare Rooms de Tim Meara, 2010 (10’, couleur, 16mm), parcours lent et silencieux de l’atelier de Holland Park, et celui de David Dawson, assistant de l’artiste, montrant Lucian Freud dans son atelier, (5’). La dernière salle révèle un ensemble de photographies de l’atelier de l’artiste par David Dawson.
Pour accompagner cette exposition, un catalogue de 304 pages, comportant une importante chronologie illustrée, est publié aux Éditions du Centre Pompidou.
Cet ouvrage comprend des essais de Jean Clair, Philippe Comar, Laurence des Cars, Eric Darragon, Richard Schiff, Cécile Debray.
critique
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