Rita Ackermann
Last exit to Poitiers
Les matériaux qui constituent son oeuvre – peinture, dessin, collages, toiles, papiers, sérigraphies – mais aussi sa formation artistique en Hongrie, font de Rita Ackermann une artiste classique.
Ses références et sources d’inspiration tendent vers l’Europe du début du XXe siècle, Bellmer, Artaud pour la poésie, Nicky de Saint-Phalle pour la liberté mais aussi des figures plus diversement appréciées comme Bernard Buffet ou Unica Zurn.
Une Europe rêvée qui reste un souvenir et une culture pop américaine qu’elle ne pourra jamais vraiment incarner construisent une constellation artistique déterritorialisée et romantique.
Elle puise son iconographie avec la même acuité dans la presse à scandale, dans la rue que dans les encyclopédies d’histoire de l’art classique.
Des figures féminines traversent son œuvre depuis ses premiers dessins: adolescentes délurées, mutines lassives mais aussi la figure de la mère, ou de vierges à l’enfant s’entrechoquent avec des voitures délabrées, des paysages de ruines ou encore des no man’s land urbains.
L’ovale des visages et les yeux en amande très affirmés sont les traits communs des personnages qui ne sont pas sans évoquer le visage même de l’artiste. La reformulation constante de cette figure et des compositions de ses premiers dessins tendent à vider tout contenu psychologique de ses personnages pour les faire glisser vers un motif abstrait.
Ses dernières peintures témoignent d’une confrontation physique et expressive au travail. Sans retenue, elle s’attaque à de très grands formats, à des supports qui résistent: bâche de protection automobile, toiles brutes. Cet esprit libre met en Å“uvre une approche frontale et décomplexée de la « grande peinture » qui fait voler en éclat l’idée d’une «peinture genrée et héroïque».
Son projet pour Le Confort Moderne prend naissance dans le désert texan lors d’une résidence à Marfa, Fondation Donald Judd. La rencontre avec ces grands espaces conjuguée à l’atelier industriel qui lui est mis à disposition déclenche le passage aux très grands formats et son retour à la peinture. Poitiers permet de continuer ce travail, une résidence intensive, l’isolement, un atelier démesuré et l’exposition de cet atelier même.
Son espace de travail restera tel quel après le départ de l’artiste, les repentirs, les dérapages hors des cadres et sur le sol. Une livraison brute du travail mise en dialectique avec d’autres hypothèses de présentation. L’exposition présente un corpus d’Å“uvres récentes augmenté d’une intense création en résidence.