Communiqué de presse
Eva et Adele
Lasso
La démarche artistique de Eva et Adele repose sur un concept performatif quotidien, où vie et art sont totalement entremêlés au point de fusionner. Depuis leur union en 1991, The Twin Hermaphrodits in Art, mi-masculins, mi-féminines, se sont fait connaître par leurs multiples apparitions-performances dans les manifestations d’art contemporain internationales, performances qui, avec leur journal intime photographique (réalisé chaque matin au Polaroïd), ont servi de base à leur création artistique.
Au cours de leurs 3 précédentes expositions à la galerie, Eva et Adele nous ont dévoilé les œuvres issues de leur création « au-delà des genres » et des époques; en effet, en sus d’être « hermaphrodites » par volonté artistique, elles se proclament « venues du futur » et s’autogouvernent sous le concept de Futuring, qui sous-entend qu’il faut se projeter dans le futur pour appréhender leurs vie et art, car le présent ne peut pas les définir. Toiles, pastels, aquarelles, photos et vidéos, elles nous avaient alors montré les multiples supports artistiques de cette création spécifique, qui utilise leur autoportrait pour définir son concept. Eva et Adele posent ainsi des questions sociales et philosophiques fondamentales sur notre société contemporaine, sur le rôle que nous jouons, sur l’obsession du logo (de la marque), sur l’histoire en temps qu’« époques » et sur le temps comme « séquence ».
Dans l’exposition «Lasso», Eva et Adele vont au-delà des « transcriptions » plastiques de leurs photographies et des photographies de leurs performances et offrent un véritable récit de leur démarche artistique, décliné en autant de strates que les toiles montrées ici comportent de couches.
En dehors du tableau intitulé Lasso, les 14 toiles de cette exposition, issues de la série «Transformer – Performer», ont toutes été créées en 2005 et réalisées selon le même processus. La première couche est constituée de collages de dessins qui représentent 15 années de création artistique, conçus lors des performances des artistes; car, si la performance est éphémère, le dessin lui est pérenne…
Sur ces collages est peint le logo de Eva et Adele (leur autoportrait en têtes siamoises). La dernière strate du tableau est une image érotique conçue en référence à l’histoire de l’art (à Cocteau notamment), ou à l’univers de la bande dessinée (en particulier, la bande dessinée érotique des années 1920 à 1960), avec un trait très épais, une couleur très dense. De plus, dans cette série, l’encadrement en caisse américaine blanche est réalisé par les artistes.
Dans les œuvres antérieures, le logo-autoportrait occupait une place visuelle importante. Ici, il disparaît et le regard est absorbé par la lecture successive de ces différentes couches et images. Comme dans les transparences de Picabia, où l’artiste nous offre à voir une multitude d’images déclinées en autant de couches dans une seule et même toile, les tableaux de Eva et Adele présentés dans «Lasso» demandent une lecture multiple et transversale. C’est cette transversalité qui nous éclaire sur leur démarche artistique. Ces grandes toiles rendent évidente la transformation des deux artistes en une seule et même entité artistique ; le logo symbolise ici l’unité de Eva et Adele et devient ainsi aussi le symbole de leur futur artistique.
Le 15e tableau est la peinture éponyme de l’exposition, qui fonctionne indépendamment des autres. Réalisée à l’huile sur toile, elle est séparée en deux parties identiques et inversées, comme dans un miroir, faisant allusion au logo-autoportrait des artistes en double inversé. Figurant un cow-boy maniant son lasso au-dessus du titre «Lasso», elle correspond à une abstraction totale du concept de l’exposition dans un esprit inspiré de Duchamp ; seule la connotation érotique du lasso y apparaît comme une évidence.
Cette exposition nous montre à quel point l’art de Eva et Adele, dont la forme d’expression reste inchangée, révèle un développement et une transformation graduels. Elle souligne l’importance de la performance qui ne s’arrête pas seulement à leurs apparences particulières, mais qui réside aussi dans leurs attitudes et pensées intérieures, que le spectateur doit partager pour mieux appréhender cet art « hors normes ».