Alain Bublex, Conrad Bakker, Emmanuelle Etienne, Thomas Huber, Loïc Raguénès, Yvan Salomone, Jens Wolf
L’art est une construction
Suite à l’exposition «Mauvaise pente», qui rassemblait des démarches artistiques centrées sur la transformation du réel et sur certaines formes d’entropie qui affectent ce que l’on appelle la «réalité» — que celle-ci se donne à travers la diversité infinie des objets de la vie quotidienne ou à travers les dispositifs en perpétuelle redéfinition de la création elle-même —, le Frac Languedoc-Roussillon inaugure une seconde présentation de ses acquisitions récentes.
«L’art est une construction» est basée sur une idée inverse de celle qui orientait, vers le bas, «Mauvaise pente»: malgré la fragmentation qui affecte les images et les représentations, les artistes contemporains parviennent à construire l’art, c’est-à -dire à le doter de formes «qui tiennent».
La déconstruction, le démontage et l’analyse fine des médiums, des savoir-faire ou des structures traditionnelles, qui semblent parfois avoir pulvérisé littéralement les cadres qui offrent le sentiment d’une «réalité», n’empêchent nullement les artistes de continuer à faire «œuvre», c’est-à -dire à élaborer des images d’un monde plus solide qu’il n’y paraît au premier abord.
Tel est l’un des paradoxes les plus étonnants de l’art contemporain: les artistes se trouvent confrontés à des techniques et des matériaux qui permettent des manipulations permanentes des apparences, et qui, par conséquent, entraînent vers la mise en doute de chaque forme. Et pourtant, c’est cette confrontation réfléchie avec la technique, la matière et les singularités qui en découlent, qui guide les artistes et leur permet de bâtir leurs représentations.
«Des châteaux de sable!», diront certains. Mais justement, répondrait le philosophe contemporain: « Il faut apprendre à vivre sur des sables mouvants… ».
C’est à cet apprentissage que nous convient les œuvres de «L’art est une construction» et leurs auteurs qui, pas plus que chacun d’entre nous, n’apprécient de sentir le sol se dérober trop longtemps sous leurs pas.
Autrement dit, «L’art est une construction» réaffirme la nécessité du socle, et suggère quelques manières d’en garantir la tenue, parmi les courants d’air.
En guest star de l’exposition, l’œuvre d’Emmanuelle Étienne, Véra d’or, est exposée hors les murs dans l’église Saint-Étienne d’Issensac à Brissac dans le cadre du parcours «In Situ» 2014, itinéraire d’art contemporain en Languedoc-Roussillon (30 mai-21 septembre).