Présentation
Patrick Moya
L’art dans le nuage. Du réel au virtuel et inversement
Plasticien, performer et artiste numérique, Patrick Moya cherche depuis ses débuts, à être partout, passant des pinceaux à l’ordinateur, du néo-lettrisme à la figure libre, d’œuvres réalisées uniquement avec les lettres de son nom, jusqu’au bestiaire presque humain qui accompagne son autoportrait en Pinocchio, des soirées techno aux murs d’une chapelle, de l’art contemporain à l’art numérique, de la vie réelle aux mondes virtuels… Un rêve d’ubiquité qu’il poursuit aujourd’hui en devenant le marionnettiste de lui-même, revisitant et mixant son travail, et le mettant en scène sur ses îles virtuelles en 3D, dans lesquelles il a réalisé son rêve de créature vivant au cœur de l’œuvre d’art.
À l’heure où émerge le cloud computing, un artiste qui vit depuis longtemps dans le nuage informatique, s’interroge sur l’avenir de l’art. Ce livre en format de poche, est la nouvelle édition du premier ouvrage de Patrick Moya en tant qu’auteur: l’art dans le nuage. Il s’agit une édition enrichie, augmentée de quatre nouveaux chapitres et de nombreuses illustrations.
Cet essai est avant tout une réflexion sur l’avenir de l’art, de l’artiste, de sa relation avec le monde réel et le monde virtuel. En 29 chapitres, courts et denses, l’auteur nous dévoile ses réflexions et se pose (nous pose) des questions essentielles à l’heure où le «réseau» occupe une place de plus en plus importante dans notre vie quotidienne, où l’usage du “nuage informatique” se développe…
Il contient également une préface de la journaliste Florence Canarelli, des «bonus» sous forme d’interviews ainsi qu’une bibliographie complète.
«On avait toujours jusqu’ici conçu l’œuvre comme l’aboutissement d’un parcours qui conduisait à l’exposition d’un objet fini au regard d’un spectateur, ou pour les plus immatérielles donnant par contrat des instructions précises et impératives quant à leur mise en œuvres.
Bien sûr, les vieilles habitudes reprenant le dessus, je conserve précieusement des centaines de photos et de films des ces îles virtuelles. Ce besoin de traces conservées auprès de soi, pour témoigner dans les temps futurs ou même sur les réseaux sociaux comme Facebook, ne peut qu’être frustrant, tant les transformations de ces univers se font fréquentes et irréversibles, sans sauvegarde possible. Ces efforts de conservations paraissent de plus en plus dérisoires face à cette tache infinie et dévoreuse d’espace mémoire.
Cependant, lâcher prise serait renoncer à figer l’œuvre et à raconter son histoire. Or, que reste-t-il de l’artiste sans cette histoire où il peut encore faire croire qu’il a été un précurseur? Comme ces photos qu’on prend aux côtés de personnalités pour la mémoire, on ne peut s’empêcher de vouloir figer (par des instantanés), les instants de ce nuage sans cesse en mouvement. Pourtant quoi de plus inutile que de passer sa journée à photographier un nuage dans le ciel pour ne rater aucune de ses transformations? Sans doute faudra-t-il à l’avenir s’habituer à voir vivre l’œuvre sans en conserver la trace. Cela me paraît encore difficile aujourd’hui, car je sais trop qu’il m’est encore nécessaire de garder des images… afin d’illustrer mes catalogues par exemple.»
Patrick Moya