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L’Art contemporain

Préjugés et préconceptions entourent l’art contemporain. Aux clichés et phrases toutes faites, Isabelle de Maison Rouge répond par des explications simples et claires. Résumer le débat pour aider à mieux comprendre ce que sont les avant-gardes, tel est son pari.

— Éditeur(s) : Le Cavalier bleu, Paris
— Année : 2002
— Collection : Idées reçues
— Format : 18 x 10,50 cm
— Illustrations : aucune
— Page(s) : 127
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-84670-029-X
— Prix : 8 €

Introduction
par Isabelle de Maison Rouge

De l’art contemporain, on peut dire tout et son contraire, en tout cas on a tout entendu. Il n’y a rien à comprendre, on n’y voit rien, on se perd dans tous ces mouvements, il est fait pour tout le monde, il est réservé à une élite, il est engagé, il est politique, il est vide de sens, il est drôle, il est agressif, il est laid, il est beau, il fait plaisir, il dérange, il est subventionné, il est gratuit, il est spéculatif, il appartient au monde des marchands et des conservateurs qui font la pluie et le beau temps, il a perdu le contact avec le public, il exige de son public une très grande participation… la litanie n’en finit pas. Il se pourrait que toutes ces critiques soient justes dans leurs contradictions. On ne peut réduire l’art contemporain à un style ou un label.

Puisque, par nature, l’art contemporain est en train de se faire, il ne peut par conséquent se limiter à un état défini, il reste fluctuant, s’écrivant continuellement au présent. Forcément, les contemporains de cet art s’interrogent, ne savent pas ce qui restera, sont intrigués par la nouveauté. N’ayant pas suffisamment de recul pour le juger, ils ne le comprennent pas et sont déroutés.

L’art contemporain échappe aux catégories admises ou transgresse leurs limites. Aucune frontière n’enferme le geste de l’artiste contemporain, qui revendique une liberté d’expression. Aucun repère, ni dans l’espace, ni dans le temps, ne vient aider le public. Tout peut devenir art, mais pas dans n’importe quelle condition. Les artistes le déclarent eux-mêmes, comme Donald Judd en 1966 : « Si quelqu’un affirme que son travail participe de l’art, c’est de l’art. » Ainsi, pour être artiste, il faut se reconnaître comme tel, puis l’être par les autres. Autre difficulté : les arts plastiques s’inscrivent dans le cadre d’une culture qui n’est pas seulement visuelle. Elle regroupe les attitudes diverses d’artistes qui ne sont ni peintres, ni sculpteurs, qui ne peuvent être qualifiés avec précision. Certaines Å“uvres demeurent invisibles, d’autres existent sous la forme d’énoncés verbaux ou écrits… Certains artistes envahissent des lieux inhabituels, d’autres utilisent des technologies employées par des professionnels qui n’ont rien à voir avec une production artistique… Et tous exigent entre l’œuvre et le public des rapports nouveaux.

Cet ouvrage ne prétend pas répondre à toutes les questions que soulève l’art contemporain, il espère simplement donner quelques clés pour l’aborder sans crainte. Chaque époque historique a connu son « art contemporain », que le public ne comprenait souvent pas. L’art des artistes vivants suscite toujours interrogations et idées reçues. À notre heure, nous nous posons ces mêmes questions. La conviction de l’artiste reste déterminante. Mais le corps social exige des arguments persuasifs. Il reste démuni et ne veut pas s’en remettre seulement à ceux qui ont la charge de décider ce qui est de l’art ou ce qui n’en est pas. L’éducation artistique est alors primordiale. C’est en se frottant à l’art qui nous est contemporain qu’on pourra tenter de se forger une opinion.

(Publié avec l’aimable autorisation des éditions Le Cavalier bleu)

L’auteur

Isabelle de Maison Rouge est professeur d’histoire de l’art et collabore à la revue Art Actuel. Elle est également commissaire d’expositions d’art contemporain.

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