L’Art caché. Les dissidents de l’art contemporain

Présentation
Aude de Kerros
L’Art caché. Les dissidents de l’art contemporain

Selon Aude de Kerros, l’art contemporain ne signifie pas l’art d’aujourd’hui. C’est un label qui estampille une production d’objets ayant cours sur un des marchés de l’art. C’est surtout un produit financier haut de gamme apprécié à l’international. Sa valeur est créée par un solide réseau d’institutions, de marchands, de médias et de grands collectionneurs. En France, seul l’État et les médias jouent ce rôle, ce qui rend la cote des artistes français peu fiables sur le marché.

Cet art conceptuel s’est imposé dans le monde à partir des années 1960, répondant parfaitement aux nécessités de la société médiatique et mercantile. Contre toute logique, il est devenu en France le seul art légitime et officiel à partir des années 1980, la bureaucratie rejetant toute autre pratique hors de la commande publique et de l’enseignement des beaux-arts. Ce temps semble toucher à son terme. D’autres voies en art, et la critique cultivée de l’«art contemporain», ont toujours existé en France, malgré leur confidentialité forcée ; elles ont été suivies et recherchées ; leur histoire mérite d’être racontée.

Cet essai très documenté explicite l’avènement et la nature de l’art contemporain. Il retrace les péripéties de la controverse qui agite le milieu de l’art depuis plusieurs décennies, visible épisodiquement mais le plus souvent souterraine. Il évoque ses tout derniers épisodes qui semblent annoncer de profondes métamorphoses. Surtout, il dévoile cet art dissident que l’art officiel voulait annuler : l’art «caché», suite naturelle de l’art depuis le paléolithique. Dans cette créativité foisonnante, qui dépasse les cadres idéologiques ou mercantiles, se cache parfois le «grand art», qui est la modernité d’aujourd’hui. Ce livre réintroduit, et c’est un fait nouveau dans la controverse sur l’«art contemporain», le point de vue occulté des artistes.

Extrait

« Cet art encore caché sera jugé plus tard. On ne pourra le voir et l’apprécier qu’en le regardant en perspective, dans la suite de l’art de tous les temps. Sa nouveauté se révélera seulement ainsi. On ne cherchera plus le nouveau pour lui-même mais plutôt le singulier et l’unique. On regardera l’aura. On éprouvera la présence.

Au milieu d’une infinité d’œuvres vouées à la répétition, expression obsessionnelle de l’ego, symptômes pathologiques, œuvres moralisatrices et critiques, existent des œuvres qui ne se révèlent qu’à la sensibilité et à l’attention de ceux qui ont survécu à la solitude, à l’isolement et à la grande vague qui uniformise tout. Elles ne sont pas faites pour le spectacle mais pour la contemplation. »

Aude de Kerros est graveur et peintre. Elle publie régulièrement des articles d’analyse sur l’art contemporain et l’art, dans des revues telles Artension, Les Cahiers de la Table Ronde, Conflits Actuels, etc.