Commande du festival « concordan(s)e » 2016, L’architecture du hasard est au programme de l’édition d’« Art danse » 2017. Selon le principe du festival « concordan(s)e », un chorégraphe et un écrivain sont invités à se rencontrer, et créer ensemble une pièce, alors même qu’ils ne se connaissent pas. Si la création partagée de L’architecture du hasard se révèle être une expérience inédite pour Gilles Verièpe, elle ne l’est pas moins pour Ingrid Thobois, qui n’a jamais dansé.
L’architecture du hasard : une création partagée
Telle fut donc la demande adressée à Gilles Verièpe et Ingrid Thobois, qui eurent ainsi la possibilité de découvrir leur expérience respective de chorégraphe et d’écrivain, et dévoiler au public le résultat de leurs échanges – une chorégraphie et un texte inédits. L’architecture du hasard est la première création partagée de Gilles Verièpe. Mêlant par principe geste et écriture, la construction d’une telle pièce nécessite de s’interroger sur les rapports de la danse et du texte. Comment lier celui-ci à la danse ? Comment parvenir au texte écrit au moyen de la danse ?
Indéniable nouveauté pour Gilles Verièpe, cette expérience exige, insiste-t-il, de ne pas se contenter de valoriser ou illustrer le texte d’Ingrid Thobois. Car il importe tout au contraire de chercher « le juste milieu entre le sens du texte et l’autonomie de la danse, sans hiérarchie entre ces deux outils artistiques. » Et si le texte sert de support à la chorégraphie, celle-ci ne doit pas devenir l’objet d’une tentative d’explication.
L’architecture du hasard
Sur scène, les relations entre les deux interprètes semblent suivre et développer cette même ligne directrice. L’architecture du hasard donne d’abord à voir la seule présence d’Ingrid Thibois. Assise sur une chaise, elle fait face au public, ferme les yeux, avant que Gilles Verièpe ne vienne la rejoindre, et ne mette en mouvement son corps inerte. Il la conduit à lui alors que se fait entendre pour la première fois le texte : « je l’amène à la danse alors qu’elle m’amène au texte. Je dis des textes et elle danse également. C’est même moi qui dis le premier texte. »
Pièce dont le titre peut évoquer les expériences chorégraphiques de Merce Cunningham sur l’aléatoire, L’architecture du hasard s’en distingue toutefois en laissant de côté toute abstraction ou théorie, puisqu’elle n’est jamais que le récit de deux existences qui se croisent. « Nous sommes partis de nos vies respectives, précise Gilles Verièpe, des hasards qui ont fait qu’elle devienne écrivain, et moi, chorégraphe. »
L’architecture du hasard pose donc cette simple question : « Qu’est-ce qui fait une rencontre ? » Lorsque les gestes et les mots se conjuguent, chacun raconte le parcours de l’autre. Ainsi s’expose le récit intime de l’existence des interprètes – naissance, enfance, points communs et différences – auquel la danse donne sa forme dernière.