Gérard Garouste
L’ânesse et la figue
Depuis longtemps, Gérard Garouste s’intéresse aux grands textes fondateurs de la culture occidentale; «l’Enfer» de Dante, le «Don Quichotte» de Cervantès ont servi de point de départ à ses célèbres séries des années 80 et 90. Déjà en 2002, son exposition à la Galerie Daniel Templon «Kézive la ville mensonge» était inspirée librement d’une histoire de l’Ancien Testament dont Gérard Garouste proposait une déconstruction plastique et sémiotique.
Après s’être consacré en 2003 et 2004 à l’art du portrait, Gérard Garouste revient aux textes sacrés mais en y mêlant désormais des portraits. On trouve des autoportraits et des portraits de ses proches: son épouse Elizabeth, son fils Guillaume ou encore ses amis le designer Philippe Starck ou l’écrivain Patrick Modiano. Ces personnages deviennent les acteurs de compositions complexes évoquant les différents codes de la peinture religieuse comme l’annonciation ou la nativité.
Dans l’oeuvre «Alma» par exemple, Gérard Garouste se met en scène en compagnie de Philippe Starck, tandis qu’une jeune fille les observe. Cette jeune fille dénudée reçoit en cadeau du bœuf et de l’âne, une toupie épelant le mot hébreu «Alma» qui donne son titre au tableau.
Elle a l’air de mépriser et de s’interroger sur cette toupie énigme (Hanouka) que lui offre le bœuf. A travers cette toile, l’artiste propose d’explorer ce terme d’Alma qui est un des plus controversés de la théologie, car c’est sur sa traduction erronée en « vierge » que repose le dogme de la naissance virginale du Christ.
Bien loin d’un discours spirituel et au-delà des préoccupations de l’histoire de l’art, Gérard Garouste tente, comme un illusionniste, de remettre en cause l’imagerie religieuse qui repose de manière subliminale au fond de nous. En retournant aux textes hébreux originaux et en déconstruisant les interprétations successives qu’ils ont suscité, Gérard Garouste soulève le problème de l’origine de notre propre culture.