La jeune artiste australienne, dont l’exposition à la galerie Schleicher+Lange s’intitule «Landslide», partage avec les artistes du Land Art une volonté de ne pas figer la nature dans une représentation inerte. Dans son travail, la nature est loin d’être une nature morte, elle est mouvante, elle vit. Ce qu’exprime titre de l’exposition «Landslide» (glissement de terrain), et ce qu’elle figure : l’idée de mouvement, le passage d’un état à un autre, mais plus encore, d’un mouvement fluide et sans accrocs.
La première œuvre intitulée Over Lines est constituée d’une toile de tente qui repose sur des fils tendus entre le sol et le mur de la galerie, qui se croisent et donnent à cette toile une forme imitant la silhouette des montagnes. Avec une toile de tente pour matériau, l’artiste prend au pied de la lettre le nomadisme artistique qu’impliquent les installations, sans cesse démontées pour être remontées ailleurs.
Plus loin, une photographie figure une étendue de nature, au milieu de laquelle trône un rocher noir, perdu comme le personnage de la vidéo que nous verrons plus loin, mais à la présence bien moins furtive.
Dans une petite salle noire, équipée en ses quatre coins d’un ventilateur, est simplement diffusée de la fumée blanche formant un nuage qu’il faut traverser pour explorer la pièce.
On se trouve alors au beau milieu d’une sculpture mouvante, Weight Unknown, immatérielle et informe, aux contours imprévisibles modelés par le souffle des ventilateurs. Comme dans toute œuvre qui se traverse, le corps du spectateur est pris en considération.
Weight Unknown est doublement éphémère : par son statut d’installation et par sa forme changeante. L’artiste confie aux ventilateurs la tâche de façonner son nuage et se dégage de sa fonction de sculpteur. L’aspect aléatoire du résultat est pleinement assumé, l’installation consistant à laisser le vent faire.
Mel O’Callaghan reprend le principe de sa pièce All In One Day (2007) précédemment présentée au sein de l’exposition «Vergänglichkeit» : un conteneur était rempli de glace qui, une fois fondue, était gelée de nouveau pour produire une forme toujours différente.
Sur le sous-sol de la galerie est projetée une vidéo qui suit les errances d’un personnage perdu sur une plage immense à marée basse, malmené par un vent cette fois bien naturel.
Ses actions sont improbables, plusieurs plans le montrent enlisé dans le sable. Dans d’autres plans, il se tient au beau milieu de cet espace sans qu’aucune trace de pas m’apparaissent dans le sable, comme s’il avait été parachuté ici, Dieu seul sait comment.
Le protagoniste de la vidéo n’est pas le personnage, mais la nature brute et indifférente à l’homme qui l’entoure. Là encore, l’aléatoire prévaut, la narration disparaît au profit de la répétition de certains plans. Les images s’enchaînent sans liens de causalité, soutenues par quelques notes de piano cristallines. La figure humaine et même celle de l’artiste tendent à s’effacer pour mieux révéler le potentiel poétique de l’environnement naturel.
Mel O’Callaghan
— We know a place, 2007. Photographie couleur. 47 x 58 cm.
— Weight Unknown, 2007. Installation : brumisateurs à ultrasons, ventilateurs, eau, système d’irrigation. Dimensions variables
— Over Lines, 2007. Dessin mural : tissus militaires, ventilateurs. Dimensions variables.
— To the End, 2007. Vidéo (HD CAM), en boucle aléatoire.
— Landslide, 2007. Photographie couleur. 47 x 122 cm.