Communiqué de presse
Gérard Collin-Thiébaut
L’amour, de l’art
Le monde de l’art et son fonctionnement sont le sujet central du travail de Gérard Collin-Thiébaut. Il étudie avec un appétit insatiable les oeuvres qu’il rencontre dans les musées, s’intéresse de manière approfondie à la biographie de l’artiste, à l’histoire des collections, à l’accrochage, à l’éclairage ou à la muséographie. Le musée, qu’il observe, met en scène et réinvente, constitue à la fois sa source d’inspiration et le lieu de ses interventions.
Gérard Collin-Thiébaut est aussi un grand «collecteur» d’images, de cartes postales, de journaux, de livres ou de sacs plastiques, activité qu’il intitule Mes Oisivetés. Ces ensembles d’objets constituent pour lui ensuite une base de travail lui permettant d’avoir à sa disposition une source iconographique inépuisable dont il dispose au gré de son inspiration.
A la manière de ce qui se pratique dans les musées, il tient un inventaire précis des collections que lui-même a créées et publie des catalogues de ses différentes activités. Ainsi, plagiant le travail réalisé par les conservateurs de musée, Gérard Collin-Thiébaut rédige des catalogues raisonnés.
Dans la salle Blanche, l’artiste installe son atelier, où il est libre de venir travailler quand bon lui semble. Des livres, une vanité, des oeuvres réalisées par lui ou d’autres artistes, des reproductions, autant d’éléments qui constituent l’univers intellectuel et quotidien de l’artiste. Quand le visiteur du musée passe le seuil, il n’a pas le sentiment d’entrer dans un atelier d’aujourd’hui tant les éléments de mobilier et les objets, désuets ou contemporains, produisent une impression anachronique. A travers ce «cabinet de curiosités», Gérard Collin-Thiébaut nous livre ici une interprétation très personnelle de l’atelier qui interroge le statut de l’artiste et la création.
Gérard Collin-Thiébaut s’intéresse aussi à la copie, une activité de base dans la formation traditionnelle des artistes. Toutefois, il invente un nouveau mode d’étude et d’approfondissement de l’oeuvre à travers la série des «Transcriptions» commencée en 1972: des puzzles de tableaux célèbres de l’histoire de l’art trouvés dans le commerce qu’il réalise patiemment. Des cadres anciens mettent en valeur ces copies. «Tout a été fait en peinture et en écriture», précise-t-il, «à quoi bon avoir la vanité de vouloir faire quelque chose de nouveau ?». Lui-même explique qu’il fait des puzzles comme s’il peignait: il classe les couleurs, les assemble, compose une image «à la main», pièce après pièce, comme touche après touche, et élabore ainsi à partir d’un ready made une oeuvre unique en son genre. Il a choisi d’intervenir avec cette série au sein du parcours des collections permanentes où il a accroché, en écho aux oeuvres du musée, ces puzzles qui viennent discrètement s’insinuer dans l’espace muséal.
Gérard Collin-Thiébaut entreprend en 1985 la série des «Rébus» dessinés puis réalisés à partir d’objets assemblés sous la forme d’installations. A partir de noms d’artistes, de citations ou encore de titres d’oeuvres, il crée des rébus qui questionnent l’art et sa représentation et renvoient de manière ironique aux interprétations érudites des historiens d’art, plaçant ainsi le spectateur dans une situation active où il doit exercer son regard critique. Dans le hall des sculptures, il installe deux rébus spécialement conçus pour le musée. Ainsi, Gérard Collin-Thiébaut ne vit pas son rapport au musée de manière sclérosante mais avec humour, imagination et audace.