Marvin Gaye Chetwynd, Trisha Donnelly, Antoine Espinasseau, Rachel Feinstein, Rodney Graham, Sheila Hicks, David Hominal, Alex Hubbard, John McAllister, Laure Prouvost, Charles Ray, Collier Schorr, Emily Sundblad, Frederik Værslev, Kelley Walker, Jordan Wolfson
L’Almanach 14
«L’Almanach 14» rassemble les œuvres de 16 artistes de six nationalités différentes. Elle n’a pas été conçue comme une exposition thématique, mais plutôt comme une photographie des intérêts du Consortium à un instant donné. Son titre, «L’Almanach 14» également fait référence au Carbone 14, technique qui permet de dater les matériaux. Chacun des artistes dispose de sa propre salle pour l’exposition de ses œuvres. Les pratiques présentées ici sont très diverses: photographie, peinture, installation, sculpture, vidéo, film, etc. L’exposition propose un panorama de la diversité des pratiques artistiques actuelles.
Marvin Gaye Chetwynd fabrique des mondes fantastiques, peuplés d’un bestiaire de créatures cauchemardesques et faisant régulièrement référence au caractère informel et subversif du carnaval médiéval. En opposition aux stratégies conceptuelles d’un marché de l’art aseptisé, elle élabore ses performances avec les moyens du bord. Des décors, aux accessoires et costumes, jusqu’au programme accompagnant ses représentations, tout est réalisé dans une démarche volontairement amateur. Aussi le jeu des acteurs n’est jamais celui de professionnels mais au contraire d’amis ou de connaissances lui donnant délibérément une allure grotesque, voire tragique. Le spectateur est invité à s’identifier aux personnages, dont elle tend à souligner avec humour les comportements déviants.
Les photographies de Collier Schorr condensent éléments fictifs et réalisme. Elle s’intéresse à de nombreux domaines: la nature, la mode, la publicité, le sport, etc. Ses productions ont pour objectif de remettre en question les normes sociales et historiques établies. Elle présente ici ses Arrangements, des structures de fleurs réalisées en six minutes, soit le temps maximum avant que les fleurs ne se fanent et perdent leurs couleurs. Ses réalisations très spontanées sont les derniers témoins d’installations détruites par l’artiste après la prise de vue. Les fleurs sont cueillies clandestinement dans les jardins voisins. Déracinement, fragilité, vie et mort sont les thèmes centraux de ce travail évoquant symboliquement la Seconde Guerre Mondiale.
Rachel Feinstein est une artiste réputée pour ses sculptures d’allures baroques qui évoquent avec subtilité l’univers des contes de fées. En 1994, l’une de ses premières œuvres représentait la chambre à coucher en pain d’épice de la Belle au bois dormant dans laquelle l’artiste passa plusieurs nuits. Depuis, l’ensemble de ses créations peut être considéré comme l’ exploration désordonnée d’un seule mode d’expression plastique véritablement «féminin» de l’histoire de l’art: le style «rococo». Assumant sa féminité aussi bien dans son travail que dans sa vie personnelle, l’artiste n’a pas hésité à poser pour le magazine Vogue ou à défiler pour la marque du couturier Tom Ford, s’attirant ainsi les foudres du milieu de l’art new-yorkais. Cette polémique lui a néanmoins permis de dénoncer publiquement un certain machisme ambiant et d’affirmer les droits d’une artiste à assumer son image de femme en s’affranchissant des stéréotypes masculins dominants de l’artiste dit sérieux.
Le travail de Sheila Hicks se situe à l’intersection de l’art, du design et de l’artisanat. Elle utilise les fibres textiles, pour leur donner une dimension picturale et sculpturale, à l’échelle monumentale. Sa collaboration avec des architectes et des designers l’a conduite à réaliser de très nombreux décors textiles muraux, d’un raffinement exceptionnel. Dès la fin des années 1970, elle réalise des installations composées de vêtements, tout en poursuivant ses sculptures textiles suspendues et ses miniatures, qui forment le continuum ininterrompu de son œuvre.