Communiqué
Alain Jouffroy
L’abolition de l’art
Extrait p.7-8
D’emblée, la pensée d’un homme est ramenée à ce qu’il a devant les yeux: une échelle posée contre un mur, un sentiment de ciel, quelques objets situés dans l’espace et qu’il peut arriver à cet homme, sans projet préalable, de photographier.
Le réel tel qu’il se donne à voir lorsque l’on s’assoit, lorsque l’on marche ou lorsque l’on roule en voiture: des visions dispersées et que rien encore ne relie entre elles. Des chutes, des fragments, et révélant un monde dont l’unité ne cesse de se dérober à la pensée.
C’est la distance séparant ces visions de la notion d’art qui sert alors de point d’appui à Alain Jouffroy pour proposer de façon radicale, et politique, l’Abolition de l’art. Disons le: elle est bien choisie. D’une part parce qu’elle ramène l’art à une espèce de «socle» sans lequel il n’aurait jamais lieu (la vue, les sens, la réflexion et la mémoire), d’autre part parce qu’elle le désigne comme une construction culturelle (et technique) que rien n’empêche a priori de déconstruire, sinon l’attachement à des valeurs.
L’Abolition de l’art déborde ainsi immédiatement la seule question de l’art comme de son histoire en élargissant son propos à toute l’aventure moderne: celle qui consiste à désirer infléchir le cours de sa vie afin de le sortir de l’étroitesse de son temps.
Réduite à un certains nombres de paradigmes, mais aussi à un certain contexte, cette aventure est en un sens achevée, et il n’y a pas à s’en plaindre ou s’en mortifier. On pourrait même dire: tant mieux.
Mais en matière d’étroitesse, tout reste intact, et c’est bien ce qui prolonge singulièrement cette proposition jusqu’à nous.
(…)
SOMMAIRE
— L’avènement de la justice (Pablo Duran)
— L’abolition de l’art
— L’abolition de l’art (film)
— Que faire de l’art?
— Le futur abolira-t-il l’art?