Volontiers espiègle et gentiment provocateur, l’art d’Anne-Lise Coste, artiste française installée depuis dix ans à Zürich, où elle a suivi les cours de la Hochschule für Gestaltung und Kunst, est fondé sur une fragilité trompeuse, celle du dessin ténu, souvent associé à des mots écrits en lettre capitales ou par une écriture d’enfant, comme celle de ses sculptures de bois, constructions rapides et éphémères. Artiste impulsive, Anne-Lise Coste réclame la liberté de la vision, déclarant : «Misons donc sur l’acuité de nos propres pupilles; enchantées elles le sont».
On retrouve dans l’ensemble de peintures Sacrées et profanes (2007) exposé chez Art:Concept cet univers intime, proche de celui de l’enfance, mais dont l’ironie dévoile une certaine part de violence. Dans ces dix-sept images, exécutées grossièrement à l’acrylique sur toile, Anne-Lise Coste refuse les conventions de la peinture pour adopter par provocation une manière naïve, cernant les formes d’un contour noir épais, dans des couleurs franches, sans demi-teintes.
L’ensemble évoque plus le mur d’une école recouvert de dessins d’enfants, que celui d’une galerie ou d’un musée. L’œuvre, désignée comme polyptyque et dont le titre renvoie à la qualité morale des images, sacrées ou profanes, renvoie pourtant à l’histoire de l’art et à une tradition de la peinture.
Une autre part du travail d’Anne-Lise Coste se situe dans le domaine de la sculpture, ou plus exactement de la construction. En une minute (2007) est une tour construite à base de bâtonnets de bois, posée sur une chaise faiblement éclairée par une ampoule nue, qui éclaire la tour et lui donne une monumentalité l’associant à une architecture. On peut imaginer que le titre de l’œuvre corresponde au temps qu’il faudrait pour détruire l’œuvre instable, et pèse comme une menace sur cela même qu’il désigne.
En regard de cette sculpture éphémère, quatre triptyques intitulés chacun Construction se présentent comme des dessins méticuleux d’une ville idéale, à la manière de précises études de perspective de la Renaissance. Mais le dessin est bancal, et les associations de plans semblent être le fruit d’un « cadavre exquis » dessiné sans recours à la raison.
Dessins et sculptures d’Anne-Lise Coste se conçoivent ainsi comme des éléments autonomes, doués d’une vie propre, évoluant dans l’espace au gré de l’intuition de l’artiste, selon laquelle : «Parce que l’idée même de temps/espace nous échappe tant et tant de-ci de-là par-delà bien et mal, des images par milliers fleurissent».
Pour plus de renseignements, voir le site de l’artiste : www.syntaxerror.ch
Anne-Lise Coste
— Sacrées et profanes, 2007. Acrylique sur toile. Polyptyque de 17 toiles, dimensions variables.
— Contruction 1, 2007. Crayon sur papier. Triptyque, 21 x 29,7 cm chaque feuille.
— Contruction 2, 2007. Crayon sur papier. Triptyque, 21 x 29,7 cm chaque feuille.
— Contruction 3, 2007. Crayon sur papier. Triptyque, 21 x 29,7 cm chaque feuille.
— Contruction 4, 2007. Crayon sur papier. Triptyque, 21 x 29,7 cm chaque feuille.
— En une minute, 2007. Bois, colle. 93 x 50 x 43 cm.