Présentation
Riad Sattouf
La Vie secrète des jeunes II
Riad Sattouf n’aime pas les jeunes… Non, ce n’est pas vrai. Riad Sattouf aime les jeunes, alors ? C’est un peu plus compliqué que ça. Mais reprenons depuis le début. Voilà maintenant quelques années que Sattouf tient une chronique dessinée hebdomadaire dans Charlie Hebdo, intitulée «La vie secrète des jeunes».
Sa recette: il prend le métro, se promène dans la rue et regarde autour de lui comment vit cette étrange catégorie sociale que l’on appelle «les jeunes».
Catégorie sociale car, au-delà de l’âge, ces jeunes forment une population à part entière reconnaissable à ses expressions, à ses tics de langage ou encore à ses vêtements. En 2007, Sattouf avait publié un premier recueil de ses chroniques de Charlie. Trois ans plus tard, il récidive. Entretemps, il aura réalisé un film, Les beaux gosses, récompensé par un César et consacré à cette même entité étrange et malgré tout sympathique – vous l’avez deviné, nous voulons parler des jeunes…
A vrai dire, il n’a jamais cessé de se passionner pour ce sujet. Sa série des aventures de Jérémie publiée chez Dargaud avait déjà eu le loisir de s’y intéresser, tout comme son savoureux Retour au collège édité chez Hachette Littératures, récit d’une authentique immersion dans un collège parisien des beaux quartiers, aussi drôle que légèrement déprimant.
Sattouf ne fait pas de jaloux: il dissèque avec la même jubilation le comportement du lascar de banlieue et celui du «petit bourge» (pour reprendre une expression en vigueur chez les moins de vingt ans) venu d’un milieu privilégié. Et le résultat est aussi ravageur que désopilant.
Chaque chronique est authentifiée par un petit cartouche indiquant que la scène a été «vue et entendue» quelque part dans la vraie vie de tous les jours. Et c’est fou de découvrir à quel point notre environnement quotidien est riche de situations potentiellement drôles ou désespérantes, voire les deux à la fois.
Ceux qui ont la chance (quoique le mot se discute) d’avoir chez eux des «jeunes» (en clair, des ados compris entre quatorze et dix-huit ans, ce qui n’est pas un âge facile, ni pour eux ni pour leurs malheureux parents) retrouveront peut-être certaines situations quotidiennes qu’il leur est arrivé de vivre. Les autres riront, sans savoir que cela risque fort de leur arriver un jour à eux aussi.
Bon, soyons sérieux: dans ce livre, les adultes en prennent aussi pour leur grade. Et ce n’est que justice, car Riad Sattouf s’affirme comme un observateur lucide de la médiocrité quotidienne de l’être humain. Et le lecteur doit se dire, à la découverte de certaines scènes, qu’il lui est peut-être arrivé d’être choisi à son insu comme modèle par le dessinateur…