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La vie mène la danse

Germaine Krull est une des photographes les plus connues de l’histoire de la photographie, pour sa participation aux avant-gardes des années 1920-1940, et l’une des femmes-photographes les plus célèbres. Le récit de sa vie, demeuré jusqu’à présent inédit en français, convie le lecteur à un époustouflant voyage à travers le XXe siècle, de Munich à Bangkok.

Information

Présentation
Germaine Krull, Françoise Denoyelle
La vie mène la danse. (Autobiographie)

Les autobiographies de photographes sont rares. Qui plus est lorsqu’elles sont écrites par des femmes. Née en 1897, Germaine Krull est l’une des plus remarquables photographes du XXe siècle. Rédigé peu avant sa disparition en 1985, le récit de sa vie était jusqu’à présent demeuré inédit en français.

La vie mène la danse, convie le lecteur à un époustouflant voyage à travers le siècle, de Munich à Bangkok, en passant par Moscou, Paris, Berlin, Rio, Brazzaville ou Saigon.

Au cours de cette passionnante traversée, elle croise Lénine, rencontre le poète autrichien Rainer Maria Rilke, fréquente Benjamin et Max Horkheimer, se marie avec Joris Ivens, entretien une liaison avec Eli Lotar, côtoie Sonia et Robert Delaunay, mais aussi André Malraux, Colette et le Dalaï-Lama.
A travers cette épopée moderne, celle d’une photographe libre et cosmopolite, c’est aussi une page de l’histoire des femmes au XXe siècle qui s’écrit ici.

Françoise Denoyelle, historienne de la photographie, qui a établi cette édition, a mené de longues séries d’entretiens avec Germaine Krull et milite depuis plus de vingt ans pour la publication de ce texte.

Cet ouvrage est publié à l’occasion de la première exposition monographique «Germaine Krull (1897-1985). Un destin de photographe» au Jeu de Paume à Paris, du 2 juin au 27 septembre 2015.

«Il fallu bien admettre que sans retouche, ça n’allait pas aller: il fallait de plus en plus faire des reportages chez des artistes ou chez des gens, et il était alors indispensable de retoucher. Eli n’y connaissait rien et moi je ne retouchais pas bien. C’est à ce moment-la que Marcel est entré chez nous. Marcel était un garçon plein de bonne volonté qui avait ses propres idées sur la photo, mais qui voulait apprendre et était capable de comprendre les idées des autres. C’était de plus un excellent retoucheur. Le jour où Marcel est venu travailler à l’atelier, Eli a commencé à faire des photos. Marcel était algérien et se demandait parfois si les parisiens étaient fous, tout en faisant des efforts pour les comprendre.

Faire de la photo n’était pas une mince affaire, à cette époque. Pour la presse, il fallait des photos “glacées”, c’est-à-dire brillantes. Pour réussir cet effet, on devait mettre les photos tirées et mouillées sur une plaque de verre, bien à plat sans bulle d’air, et les laisser sécher tranquillement. Elles tombaient toutes seules une fois qu’elles étaient sèches. Nous avions de grandes vitres qu’il fallait bien nettoyer et ne pas casser! La moindre poussière sur la vitre faisait coller les photos et elles étaient perdues. C’était le travail le plus désagréable, mais le plus indispensable. Ça devenait un drame quand on était pressés et au journal, on l’était toujours.

Quand on allait faire des photos quelque part, il fallait s’amener avec tout un bagage: un appareil, grande chambre 16 x 24, des plaques de verre dans des châssis, et le tout devait être monté sur un trépied qui ne tenait jamais. En plus, pour l’éclairage, on dépendait du soleil ou du magnésium. Le jour où nous avons pu acheter une lampe portative, nous nous sommes vraiment sentis comme des rois». (Germaine Krull)

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