Mario Ridolfi, Alessandro Anselmi, Carlo Aymonino, Paolo Portoghesi, Ernesto N. Rogers, Aldo Rossi, Massimo Scolari, BBPR
La Tendenza, Architectures italiennes 1965-1985
Tendenza signifie «tendance», une avancée critique qui récuse la notion d’avant-garde, considérée alors comme idéaliste et irréaliste. Elle se refuse à l’utopie pour proposer une architecture politique et critique en prise avec le réel.
Cette rétrospective retrace la genèse d’un mouvement architectural qui s’est interrogé sur l’abstraction de l’architecture moderne, prônant un retour aux formes historiques, qui prendra le nom de postmodernisme.
Le parcours de l’exposition permet de découvrir les travaux des architectes les plus connus comme Mario Ridolfi, Alessandro Anselmi, Carlo Aymonino, Paolo Portoghesi, Ernesto N. Rogers, Aldo Rossi, Massimo Scolari — et d’autres acteurs du mouvement ayant plus particulièrement animé la scène italienne: Salvatore Bisogni, Gianni Braghieri, Arduino Cantafora, le G.R.A.U (Groupe Romain d’Architectes Urbanistes), Edoardo Guazzoni, Antonio Monestiroli, Dario Passi, Franz Prati, Franco Purini, Uberto Siola, Franco Stella, Daniele Vitale, Giangiacomo D’Ardia.
La Tendenza aura d’importantes répercussions internationales avec, notamment, Christian de Portzamparc et Antoine Grumbach en France, Joseph Paul Kleihues, Oswald Mathias Ungers en Allemagne — chez qui Rem Koolhaas se formera —, Mario Botta et Fabio Reinhart en Suisse, le groupe 2C en Espagne, et enfin aux États-Unis grâce à la publication des écrits d’Aldo Rossi par l’architecte Peter Eisenman.
Pour accompagner cette exposition, les Éditions du Centre Pompidou publient un catalogue de 160 pages et de 200 illustrations, sous la direction de Frédéric Migayrou, directeur adjoint du Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle.
Dans l’immédiat après-guerre, les architectes italiens sont confrontés à un contexte de crise. Certains remettent en cause les préceptes du mouvement moderne ainsi que le culte voué aux références classiques propres aux années fascistes. L’affirmation d’un réalisme, similaire au néo-réalisme du cinéma italien, impose une préoccupation sociale qui répond au développement accéléré des villes, à la construction de vastes ensembles péri-urbains et à de nouveaux programmes d’architecture sociale.
Sous l’égide d’Ernesto N. Rogers, de l’agence B.B.P.R. qui réalise la Tour Velasca à Milan (1950-1958), la revue Casabella-Continuità (avec Ernesto Nathan Rogers, Vittorio Gregotti) initie de nouveaux débats sur la ville historique. L’urbanisme s’affirme comme une discipline majeure, principalement à l’Université de Venise avec Giovanni Astengo et Giuseppe Samonà qui forment une nouvelle génération d’architectes.
Les quartiers expérimentaux de l’INA-Casa sont l’occasion d’une mise en application de cette théorie urbaine, comme le quartier du Tiburtino à Rome par Ludovico Quaroni et Mario Ridolfi (1949-1954).
Associé très tôt à ces réalisations et appelé à l’école de Venise par Giuseppe Samonà , l’architecte Carlo Aymonino est rejoint, dès les années 1960, par le jeune Aldo Rossi. Ils mettent en place un cercle de réflexion, «Gruppo Architettura», qui jette les bases d’une nouvelle théorie du projet fondée sur les notions de typologies architecturales et de morphologie urbaine.
L’apparition de nouvelles revues comme Contropiano, animée par Massimo Cacciari, Toni Negri et Manfredo Tafuri ou Controspazio avec Paolo Portoghesi et Massimo Scolari, d’influence marxiste, ouvre un large débat et une réflexion sur l’histoire qui mène à la création du mouvement. À Venise, à Milan, Rome ou Naples, de nombreux architectes s’engagent alors dans cette recherche d’un nouveau langage architectural, la typo morphologie, qui connaîtra une importante fortune critique et mènera à une intense production graphique, traduisant par le dessin cette nouvelle théorie architecturale.
Des expositions accompagnent la diffusion mondiale de ce mouvement: la 13ème Triennale de Milan en 1964 tout d’abord, marquée par les premiers mouvements étudiants, puis la 15ème Triennale de Milan en 1973, organisée par Aldo Rossi, qui affirme le courant d’une nouvelle architecture rationaliste (Architettura Razionale).
L’exposition Roma-Interrotta, en 1978, confronte un groupe de jeunes architectes italiens et étrangers, qui composent de façon innovante les plans d’une nouvelle Rome avec ceux de la ville historique.
Elle anticipe les deux événements majeurs que seront la présentation du Teatro del Mondo d’Aldo Rossi, architecture post-moderne, flottant sur la lagune de Venise en 1979, et l’exposition La Strada Novissima organisée par Paolo Portoghesi à la Biennale de Venise en 1980, manifestation qui, circulant en France puis aux États-Unis, marque l’affirmation de cette école historiciste.
Vernissage
Mercredi 20 juin 2012