Présentation
Quentin Bajac, Clément Chéroux, Michel Poivert, Philippe-Alain Michaud, Guillaume Le Gall, Emmanuelle Etchecopar-Etchart
La Subversion des images
«Le vice appelé Surréalisme est l’emploi déréglé et passionnel du stupéfiant image», écrivait Louis Aragon. «Passionnel» et «déréglé», nul autre qualificatif ne semble mieux décrire l’usage que les surréalistes ont fait des images.
La photographie est omniprésente dans les différentes activités du groupe: elle se collectionne et s’échange; elle accompagne la publication des livres, des revues et de quelques tracts; elle inspire des textes ou des jeux; elle devient oeuvre entre les mains de certains et s’expose aux côtés des peintures, sculptures, ou des objets surréalistes. Elle est aussi importate dans leur vie que dans leur art.
Cet ouvrage rassemble un large florilège des plus belles épreuves de Man Ray, Hans Bellmer ou Claude Cahun, présente des oeuvres peu connues comme les photomontages d’André Breton, Paul Eluard ou Antonin Artaud, et fait découvrir des corpus restés jusqu’alors confidentiels: les objets photographiques de Léo Mallet, les montages d’images de Benjamin Fondane, les abstractions d’Artür Harfaux et bien plus encore.
Par-delà l’hétérogénéité des pratiques et des formes plastiques, l’enjeu de cet ouvrage est de mesurer la rupture introduite par les images modernes -la photographie, mais aussi le cinéma- dans le régime des représentations traditionnelles.
Reprenant les mots d’Arthur Rimbaud, les surréalistes voulaient «changer la vie». Mais ils avaient compris que pour changer la vie, il fallait d’abord changer la vue. «C’est par la force des images, affirmait Breton, que (…) pourraient bien s’accomplir les véritables révolutions.»