Présentation
Peter Greenaway
La Ronde de nuit
«Dans La Ronde de nuit, Rembrandt a peint une conspiration. Le titre ténébreux du tableau à lui seul suggère que nous devrions la déjouer. Pour ce faire nous devrions aussi beaucoup écouter la bande-son. Parmi tous les tapages, l’aboiement des chiens, le tambour du tambour-major, le cliquetis des treize piques, la célébration de Banning-Coq, le bruit le plus fort est celui d’un coup de mousquet.
On peut voir l’embrasement du coup de feu éclatant derrière la tête du personnage en jaune au premier plan, lequel porte la pointe de sa hallebarde à la place de son sexe et dont le ventre est parcouru à tâtons par l’ombre de la main de son compagnon.
Où la balle a-t-elle disparu ? Nous devions enquêter, et au final, en nous aventurant avec quelque astuce, nous avons pu voir clairement que tout le tapage que s’évertue à rendre cette peinture de Rembrandt (…) va provoquer des ennuis. C’est, dans cette tradition où les grands peintres sont connus par leur prénom, le grand acte subversif de Rembrandt — son J’accuse.
Le tableau est une démonstration du meurtre, avec des meurtriers tous dépeints en détail. Quel délice de penser que Rembrandt a été payé pour révéler la vérité sur cette Milice à temps partiel, le parti des bourgeois d’Amsterdam jouant aux soldats en plein Age d’Or hollandais, pour quinze minutes de célébrité selon la formule chère à Warhol.(…)» (Peter Greenaway)
Peter Greenaway, né en 1942 au Pays de Galles, est cinéaste, peintre et écrivain. Il a réalisé, entre autres, The Falls (1980), Meurtre dans un jardin anglais (1984), Prospero’s Books (1991) et The Pillow Book (1996).