DANSE | SPECTACLE

Festival d’Automne | Panoramix

14 Sep - 22 Sep 2019

Avec Panoramix, la chorégraphe et performeuse hispano-helvète La Ribot rejoue ses trente-quatre premières Pièces distinguées. Un morceau d'anthologie et de fulgurances — chaque pièce dure moins de sept minutes —, qu'elle performe au Centre Pompidou, dans son exposition ("Se Vende").

Chorégraphe espagnole imprégnée de Movida (mouvement culturel de l’Espagne post-fasciste), La Ribot cultive une danse transdisciplinaire. Depuis 1991 (presque trois décennies), elle brouille les cartes des genres, entre performance, théâtre, cabaret et arts plastiques. Pratique vive et colorée, charnelle mais aussi procédurale, depuis 1993 La Ribot cultive en outre un cycle au long cours. Intitulé Pièces distinguées, il se compose d’œuvres courtes (sept minutes maximum), numérotées, assemblées en séries. Commençant avec la pièce No 1 – Muriéndose la sirena (1993) [Mort de la sirène], le projet est ainsi voué à se prolonger jusqu’à cent. Actuellement (mi-2019), la série intégrale compte déjà cinquante-trois pièces. Une série elle-même structurée en plusieurs segments. Dont 13 Piezas Distinguidas (1993), Más distinguidas (1997) et Still Distinguished (2000). Réunissant l’intégralité de ces trois premiers segments, Panoramix (2003) les rejoue, dans un ordre singulier.

Panoramix (1993-2003) de La Ribot : Les trente-quatre premières Pièces distinguées

En 1993, La Ribot structure un premier segment : 13 Piezas Distinguidas. Soient les treize premières pièces de cette série (numérotées de 1 à 13, conçues en 1993-1994). En 1997, Más distinguidas réunit les treize suivantes (de 14 à 26, conçues en 1996-1997). En 2000, Still Distinguished amorce un tournant, avec huit pièces (de 27 à 34, conçues en 2000). Le tournant est plutôt structurel ;  La Ribot opère un déplacement en important sa pratique chorégraphique dans les musées, centres d’art et galeries. Avec, pour corollaire, une abolition de la différence de niveau (physique) entre interprète et public. Une modification de la hauteur des regards qui modifie aussi la création. Comme l’explique La Ribot, « Par ce geste de mise à plat des hiérarchies, je partage avec [le spectateur] responsabilité et pouvoir ». Et en ouvrant la surface, elle ouvre alors le sens de l’interprétation : « Une seule surface pour tout et pour tous, sans direction indiquée ».

Panoramix au Centre Pompidou : La Ribot danse et s’expose à Beaubourg

Avec ses trois heures et trente-quatre pièces, Panoramix propose une trame singulière. L’ordre d’apparition n’est pas chronologique. Quant au lieu de présentation, il permet aussi de situer l’œuvre. Pour le Festival d’Automne à Paris 2019, qui lui consacre un portrait, La Ribot réinterprète Panoramix, au sein de l’exposition qui lui est dédiée : « Se Vende », au Centre Pompidou. Soit une mise en regard entre vidéos, installations et carnets d’artiste. À pied d’œuvre pour tout ce qui touche à sa production — chorégraphie, costumes, objets… — La Ribot travaille le rapport au corps et à l’art par le triangle artiste / interprète / public. Une odyssée qui part ainsi de la sirène, créature à la fois chimérique et empêchée ; qui passe par la nudité, l’exploration d’un sol comme espace de pro-jection (d’images) et de jet (corps, objets…) ; qui se prolonge dans l’interrogation de la violence physique, du sacrifice.

Une pièce anthologique, à retrouver dans le cadre du Festival d’Automne à Paris 2019.

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