Présentation
Pascal Béria
La révolution des contenus
A l’heure du grand bouleversement numérique, les contenus apparaissent désormais comme l’élément fédérateur alimentant le cœur de cette révolution. Aujourd’hui, les contenus se désintègrent, se sophistiquent, se déstructurent, se réorganisent, s’échangent, se démocratisent et sont devenus la matière première indispensable, et parfois coûteuse, d’une industrie numérique avide de ressources.
Dans le même temps, on nous parle de crise de la lecture et des menaces pesant sur les industries de la presse ou de l’édition musicale. Le public n’a pourtant jamais été autant consommateur de contenus, et ce sur des supports aussi nombreux. Nous sommes donc bien loin d’une crise de la demande, mais bien en présence d’un profond changement de modèle.
C’est le postulat de La révolution des contenus: malgré la crise et la récession qui menacent les économies mondiales, la production de contenus est entrée dans une période d’euphorie proche de celle des 30 glorieuses, avec son new-deal, sa consommation débridée, ses excès et ses laissés pour compte. Pour autant cette révolution ne se fait pas en douceur et surtout pas selon un modèle auquel la plupart des médias «historiques» aiment à se référer. Qu’ils soient éditorialisés ou réduits à leur plus simple expression de donnée numérique, les contenus ne servent plus uniquement de véhicule à l’information. Ils sont créateur de valeur, apporteur de sens et sont aussi bien une fin qu’un moyen pour les médias et les acteurs de l’information. Ils creusent le sillon d’une nouveau modèle économique encore en construction dans lequel il faudra coûte que coûte s’inscrire.
Ce livre propose d’aborder la question des contenus en présentant les cinq faces de cette révolution d’un point de vue médiatique, technologique, publicitaire, relationnel et rédactionnel.
«Internet reste fondamentalement un média de contenus. Sans contenu, on ne peut pas vendre, pas échanger, pas relayer. Le rôle du contenu est donc multiple. Il est tout d’abord l’élément essentiel de lien entre un produit et un consommateur. Il est aussi un élément fort de fidélisation et une matière première permettant de stimuler.
Plusieurs perspectives sont à envisager, à mon sens. D’abord l’émergence d’un duo désigné comme gagnant qu’est l’association des textes et des données. L’organisation des données sera incontestablement un vecteur d’enrichissement des contenus et une source de valeur. L’arrivée de journalistes de données susceptibles de défricher ces données et de nous en donner les clés est essentielle dans ce domaine. Elle est déjà une tendance notable dans les pays anglo-saxons et devrait arriver en France rapidement.
Une seconde tendance notable est sans aucun doute la fin du mythe du tout gratuit. Les internautes ont pris conscience que les contenus en ligne ont forcément un coût qu’il convient de payer d’une manière ou d’une autre. Là où internet nous délivre un contenu gratuit en vrac, ces services nous le proposent au travers d’une interface attrayante, éditorialisée.»
Fredéric Cavazza